L’homme de la situation – 30/06/15

Au premier tiers
d’un virage
qui monte quelque
part derrière le
cimetière du Père
Lachaise, où il
s’y rendra à tout
jamais le temps
d’un dernier cadre,
brûlé pour sa dernière
apparition, se cachait
entre des tirages-cadeaux
des plus grands et des
autres avec, un homme
aussi jovial que bavard,
souvent le samedi vers
13h, le temps de la
réception d’un paquet
cartoline ou d’un rouleau
numérique qu’il rendait,
un samedi plus tard, ou
deux, en fonction de la
saison des festivals, un
coup de passe partout
bien plus que bien
équilibré par son œil tant
connaisseur, que nous
ne pouvions rien imaginer
de mieux tant la couleur
du bois allait bien avec la
largeur de la baguette, et
le plaisir de nous faire
découvrir son œuvre finale
qu’il déballait dans la
minutie d’un assemblage
parfait.

Premier poème hommage à Jean-Pierre Gapihan.
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Décadré

Je viens d’apprendre la disparition de Jean-Pierre Gapihan, mon encadreur depuis des années.

Il fait si chaud ce soir que je ne suis pas sûr d’avoir le courage d’aller rechercher dans mon fonds photographique un tirage de lui, au travail, dans son atelier. Un mini reportage que j’avais fais à l’époque. Mais quelle époque ! Celle d’un temps où j’allais régulièrement dans son antre, pleins de morceaux de verre pré-découpés et de sciure de bois qui excitaient mes enfants et inquiétait Jean-Pierre Gapihan. Un temps où j’allais bientôt y retourner avec une série de nouvelles images à magnifier.

Comme je n’avais pas d’image de lui sous la main, je me suis mis à écrire un poème, celui du soir, comme chaque soir, puis j’en ai écris un deuxième, comme plus rarement, juste pour dire tout simplement ce qui n’adviendra plus, ou ce que j’ai vécu des dizaines de fois en sa présence.

Qui se chargera maintenant de mes prochaines images, en ayant rien d’autre à faire que de l’écouter m’expliquer comment encadrer ce tirage ci ou celui-là. Qui s’occupera de toutes ces photos qui attendaient de se rendre chez lui, dans le carton des “il faut que je lui apporte”.

La 10e image de cette série laisse entrevoir les mains de Jean-Pierre Gapihan.
A suivre :
Premier poème : L’homme de la situation
Deuxième poème : L’atelier est fermé, et pour cause
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Ouverture de mon site photo

Certains attendaient ce site depuis longtemps, d’autres ne savaient même pas qu’il était en gestation.
Je vous invite à découvrir des sujets comme des images que vous ne connaissez pas.
Bonne balade, et à bientôt j’espère pour continuer cette aventure ensemble.

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Le piano à l’honneur pour le 8e Sunday jazz loft

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Francesco Bearzatti invite Benjamin Moussay

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Un billet direction Brésil

Cela faisait déjà plus de deux ans que Francesco avait prévu ce voyage en compagnie de deux de ses compères, l’un au piano, Vincent Bourgeyx, l’autre à la guitare électrique, Hans Olding. Cette escapade colorée tardait à pourtant à venir. D’autres projets repoussaient toujours le concert sud-américain aux calendes (grecques).

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“Momentito”, “Ahorita”, auraient pu devenir les mots représentatifs de cette aventure plusieurs fois avortée. Mais c’est de l’espagnol. Au Brésil, on parle portugais.

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Trouver une date libre pour constituer un trio permettant de plonger dans la Bossa Nova n’est pas facile. Quand l’un des trois musiciens demeure à Stockholm, non pas la rue de Stockholm dans le 8e arrondissement de Paris, mais Stockholm la capitale de la Suède, tout là-haut, entre la Norvège et la Finlande, au-dessus du Danemark, cela devient encore plus complexe.

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Alors pour revisiter cette musique traditionnelle brésilienne, Hans s’est offert un petit voyage touristique chez nous, “là où que c’est ti pas qu’ya la Tour Eiffel et Pigalle”, entrecoupé d’une répétition musicale et d’un Sunday jazz loft. Le 7e, dans le 10e. “Comme d’hab”, aurait pu lâcher un habitué du lieu. Des habitués, il commence à y en avoir un certain nombre. En deux jours les deux tiers des places étaient réservés, et l’on est monté à plus de 90 inscrits, de la folie furieuse.

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Mais revenons à ce 1er février. Ni trop chaud ni trop froid. Après une courte présentation des partenaires des concerts : « jazz&people », le premier label de jazz participatif français et “Couleurs jazz”, le premier magazine de jazz sur ipad, on a eu droit aux premiers sons du trio.

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Tout en douceur, caressant l’atmosphère sur la pointe des pieds, venant flirter avec les oreilles en attente de surprise, les morceaux se sont succédés avec bonheur. Chacun leur tour, à trois, à deux, avec celui-ci puis avec l’autre, puis encore avec l’autre, puis encore avec celui-ci, ils se sont baladés dans des réappropriations de standards brésiliens. De Carlos Jobim à Milton Nascimento, ce n’était pas que de la dextérité, c’était du Brésil.

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Tout en lumière, ils sont montés en puissance, sans nous le dire, sans rien déranger de la tranquillité du loft, à coup d’à-coups imperceptibles, au coude à coude devant la grande baie vitrée, à coup de rythmes et de syncopes, à coup de sax et de cordes électrisant les rondeurs des morceaux, à coup de doigts sautant de touches en touches avec l’élégance d’un noir et blanc de sortie, à coup de grimaces, de tensions et de relâchements. À coup final…

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Avant d’accueillir un invité surprise, Samy Thiébault, un autre sax, au sourire débordant de joie. Très vite, ils se sont renvoyés la note dans une frénésie quasi fraternelle. Alors le public a oublié d’arrêter d’applaudir pendant un moment, le temps que le chapeau tourne, que les chaises se plient, que le buffet se dresse, que les assiettes se vident, que les amis des Sunday jazz loft s’éclipsent avec les musiciens, et que nous restions seuls avec nos souvenirs. Mais je crois que le public avait arrêté d’applaudir bien avant, quand même.

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D’applaudir cette expérience inédite que nous a fait partager Francesco avec tant de générosité. Mais quand s’arrêtera-t-il ?

J’espère jamais.

 

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Les têtes de croquis

Le soir de Noël dernier, redécouvrant dans le fond
de ma tête des yeux pris dans les paquets cadeaux,
des yeux aux envies de ne pas savoir, des yeux aux
désirs de découvrir, ma main les a réincarnés dans
le silence d’un noir de fin de fête, à l’aide de la mine
d’un crayon assez bien large, trouvé sous l’arbre,
d’un crayon suffisamment pas trop long pour pouvoir
écraser ces expressions imaginaires dans la fibre
du papier livret à couverture rigidement foncée.

Et si je n’avais rien vu, et s’ils n’avaient rien vu non plus
de la vérité du jour, de cette journée qui a bien eu lieu,
comme chacun a bien voulu qu’elle advienne.

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7e Sunday jazz loft aux couleurs du soleil

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Un vrai piano pour le 6e Sunday jazz loft

Le 23 novembre dernier s’achevait le 6e Sunday jazz loft. Le souvenir des sourires d’extase gravés sur chacun de nos visages me donne encore la chair de poule.

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Le sax de Francesco

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Les mains de Yonathan Avishai

Une musique venue d’ailleurs a atterri délicatement au centre du loft, entre Francesco Bearzatti posté sous la lumière et Yonathan Avishai assis dans la pénombre.

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Toujours les mains de Yonathan Avishai

Nous avons assisté à une communion artistique hors du commun, qui tient de l’instant magique. Et quand cette harmonie se prolonge avec subtilité tout au long
d’un concert, il n’y a plus de mots pour l’exprimer, seules les émotions peuvent encore prendre le relais. Et des sensations fortes, nous en avons croisé.

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Francesco Bearzatti tantôt au sax, le reste du temps à la clarinette, était totalement imprégné des mélodies à venir. Yonathan Avishai, les mains tranquillement posées
sur son piano, lui répondait dans des fulgurances d’une maîtrise exceptionnellement bluffante. Ensemble, ils ont décollé si haut que nous ne savions plus où donner
de l’oreille.

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Rien n’a été laissé au hasard. Tout était sous le contrôle d’improvisations aux champs infinis, champs de jazz à perte de vue. Domaine aux glissements de terrain
imprévisibles, au point que nous n’étions plus sûrs de nous trouver encore sur le sol bearzattien.

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À force, nous devrions le savoir que Francesco est un formidable caméléon qui modifie son style quand il change de partenaire, afin d’explorer de nouvelles contrées.
Il défriche de l’humour du bout de sa clarinette pour nous le faire vivre comme si nous y étions, il raconte une nouvelle histoire en pays sax, aux côtés de son compagnon
de route, par petites touches d’ivoire, en tons, demi-tons ou quarts de tons, qui s’emballent sans perdre pied puis ralentissent pour ne pas nous semer.

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Reprise de souffle, souffle coupé, second souffle, à bout de souffle, souffler encore, toujours plus, dans un échange avec nous, le public de l’instant, puis silence. Étonnennent.
Rire. Re-silence.

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Les applaudissements fusent avec puissance et insistance. C’est au tour des musiciens de faire le plein de sons.

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“C’est l’un des meilleurs Sunday jazz loft auquel j’ai assisté”, lâche une habituée. Désormais la barre est placée très haut pour les prochains concerts. Comment pourront-ils faire aussi bien la prochaine fois ? Pour le savoir, j’y serai. Pas vous ? J’y serai pour vous, pour nous tous.

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Francesco Bearzatti et Vincent Bessières (Jazzandpeople.com)

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Nous nous reverrons en février prochain pour la deuxième année des Sunday jazz loft avec un nouvel invité surprise choisi par Francesco.

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Après le concert Francesco, donne des conseils à Esther sur son dernier morceau de piano

 

 

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Tous debout en 2015

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Retenue de soirée

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Le reflet de la couleur sud américaine

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Cancun – Mercado 28

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6e Sunday jazz loft : un jazz italiano israélien

Sunday jazz loft - 23 novembre 2014, Francesco Bearzatti & Yonathan Avishai

Sunday jazz loft – 23 novembre 2014, Francesco Bearzatti & Yonathan Avishai

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Un Sunday jazz loft en plein air

La saison a repris avec deux nouvelles personnes que nous a fait découvrir Francesco.
Tout d’abord la chanteuse Victoria Rummler qui était déjà passée à deux reprises comme
invitée surprise aux Sunday jazz loft de l’hiver dernier.

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Certains de nos habitués espéraient la revoir. Quand ils sont su qu’elle serait parmi nous dimanche, j’ai même reçu des mails de satisfaction.

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Francesco Bearzatti, directeur artistique des Sunday jazz loft

Victoria Rummler

Victoria Rummler

Puis Nico Morelli au piano, qui a jonglé avec les touches de sa machine à sons comme Victoria l’a fait avec sa voix. Il avait tout juste eu le temps de se reposer de la fête de l’huma
où il avait joué avec Emmanuel Bex, l’un de nos anciens invités, pour nous rejoindre. Fête de l’huma où Francesco a lui aussi joué il y a deux jours avec son groupe, le Tinissima 4tet…

Victoria Rummler et Nico Morelli

Victoria Rummler et Nico Morelli

Cette fois-ci l’invitée surprise fut Laura Litardi, une autre voix, aussi italienne que celle de Victoria est américaine – ce qui ne l’a pas empêchée d’interpréter une chanson en portugais. Laura, je l’avais découverte il y quelques années quand j’étais allé écouter, ou plutôt photographier Francesco au Sunset.

Francesco Bearzatti, Laura Litardi et Victoria Rummler

Francesco Bearzatti, Laura Littardi et Victoria Rummler

Mais ce Sunday jazz loft était particulier, peut-être même unique puisqu’il se déroulait sur une terrasse avec vue sur tout Paris. Un concert en plein air qui laissa libre cours aux impros & interprétations des jazzmen, avec encore plus de liberté, juste devant Montmartre, entre toits parisiens et cheminées en attente de fonctionnement.

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Pour raconter le jazz en images, j’avais exposé sur les rebords de la terrasse des tirages photographiques des concerts et Sunday jazz loft précédents. Il faisait si chaud que les cadres se sont déformés lentement et certaines images ont même glissé de leurs supports pour finir sur les genoux du public.

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Mais pourquoi je vous raconte tout cela, vous y étiez, nous y étions, et c’était encore un très joli moment de musique. En ce qui me concerne, j’ai passé un moment exceptionnel grâce à vous.

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Et quand Francesco me dit que les Sunday jazz loft ont un beau public, cela ne fait que confirmer mon ressenti. Merci encore une fois d’être venus. C’est vous qui faites que les Sunday jazz loft sont ce qu’ils sont. Mais ça vous le savez, il me semble vous l’avoir déjà dit.

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La deuxième saison des Sunday jazz loft est ouverte / Bearzatti, Morelli, Rummler

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Et ce n’est pas fini. Francesco nous prépare une nouvelle surprise en octobre…

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Poème jazz en dessin

SCAN - Dessin marché de la poésie : Jazz

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2/2 Une poésie familiale

A peine fini, déjà commencé – 16/06/14

Quatre personnages
complètement
pas pareils et
franchement
dans la même
veine, se sont
passés la
parole poétique
dans une osmose
familiale, où l’une
gesticulait les
mots, où l’un
vivait les idées
verbalisées, où
l’une s’élançait
en spontanéité,
où l’autre
domptait son
micro sans
papier, où l’un
re
gardait pendant
que l’autre
s’accroupissait
en clics, que
l’autre autre
restait imperturbable
sur un jazz sax
de toutes les
circonstances,
capté par l’autre
autre, autre que
le musicien et la
famille de quatre.

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1/2 À deux doigts de la pluie, la poésie en jazz

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10 juin dernier, je terminais de préparer mon stand de 18 mètres carrés offert par le marché de la poésie pour l’ouverture de leur 32e présence, place Saint-Sulpice, à Saint Germain des Prés.

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Nous voilà en train d’accrocher la télévision grand format au mur pour présenter, pour la première fois, 6 des 12 pœms-pèmes faisant partie de mon gros projet “Et si je jazz est la vie”. Ce projet que je porte avec bonheur durant mes nuits créatives depuis quatre ans.

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Les pœms-poèmes défilent durant la soirée sur l’écran grand format

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Le temps est passé si vite. Nous voila déjà en tain de réaliser notre première performance familiale. Esther, Elia, Astrid et moi, une feuille à la main, interprétant 8 poèmes des 4 Sunday jazz loft, au rythme fou d’impros de Francesco Bearzatti.

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La deuxième performance est déjà derrière. Matthieu a tout filmé.

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Les verres sont presque vides, les réactions et critiques en fin de parcours.
Il n’a pas plu, c’était moine une.

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La face pas si cachée de Robert Mapplethorpe

Un de ces mardis matins où le Grand Palais est fermé au petit public, j’ai suivi une visite privée de l’exposition de Robert Mapplethorpe, accompagnée d’un guide.

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Tout au long du parcours, ce dernier a défloré, en profondeur, les points fondamentaux de cet homme dressé pour créer.

Son point de vue m’a laissé entrevoir le derrière du décor, si propre, si hard.

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La suite au prochain numéro des Sunday jazz loft

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La danse d’Esther avant l’arrivée du public

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Folie puis…

Il y a quelques jours, avec une certaine tristesse, j’ai déshabillé le loft de ses images de jazz.

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…repos

La première saison vient de s’achever. Avec un petit pincement au cœur, je repense à ces quatre concerts exceptionnels où Francesco Bearzatti nous a fait partager plusieurs facettes de son jazz, aux côtés d’invités si différents les uns des autres.

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El Fanfarone : un titre qui caractérise bien le vécu de cette fin d’après-midi

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Ça croque en live

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Ça va venir et il vont avoir du mal à s’arrêter.

Michel Benita a inauguré cette saison avec sa contrebasse et son sourire, et la magie de la première fois a opéré. Puis Federico Casagrande est parti dans des échanges d’impros grimaçantes, guitare électrique au poing.

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Un des dessins d’une habituée des concerts : ne serait-ce pas Thierry Péala ?

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Bruno Angelelini au piano

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Le public est parti, les spectateurs sont restés

Avec Emmanuel Bex, tout dérapage créatif fut le bienvenu, toujours avec humour. Après l’orgue Hammond, ce furent la voix de Thierry Péala et le piano de Bruno Angelini qui nous firent voyager dans l’imaginaire du cinéma.

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Francesco Bearzati et Thierry Péala jouant de leur instrument

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Un croquis de la série d’une autre habituée des Sunday jazz loft

Les programmes sont maintenant rangés, les chaises pliées et les photos classées, qui attendent septembre prochain pour que nous vivions ensemble la deuxième saison des Sunday jazz loft, avec Francesco, Astrid, Elia, Esther et de nouveaux invités.

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La récompense fut grandiose

Merci à Canon pour son soutien dans les captations avec un l’EOS 5D Mark III et au chocolatier Puyricard pour cette somptueuse boîte de chocolats – Frèd Blanc

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Le concert devait être bien. Francesco est content. Il m’a dit qu’il reviendrait.

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Jazz en mots et en musiques au 32e marché de la poésie

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J’ai reçu il y a un peu plus d’un mois une invitation pour participer à l’ouverture du 32e marché de la poésie. Je me suis alors rappelé du 28e, où Arlette Albert-Birot m’avait sélectionné pour réaliser une performance avec un artiste. J’ai tout de suite accepté.

2010 fut l’époque des poèmophones.
2014 sera celle des pœms-poèmes.

Cette année je projetterais en avant-première des pœms-poèmes sur le jazz, mélangeant sept disciplines complémentaires. Puis nous réaliserons, Francesco Bearzatti au sax-tenor, Astrid, Esther, Elia et moi aux voix, deux séances d’une même performance, dans un esprit très Sunday jazz loft.

Vous avez le choix de l’horaire, 19h30 ou 21h30 – Place Saint-Sulpice.
Et si vous n’aimez pas le jazz, il vous restera encore le vin pour oublier que les poèmes parlent de cette musique bercée d’impros.

 

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Quatrième Sunday jazz loft : Francesco Bearzatti, Thierry Péala et Bruno Angelini

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Merci à “Couleurs Jazz” et à Canon de soutenir les “Sunday jazz loft”
ainsi que le projet “et si le jazz est la vie”.

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Certains passent, d’autres restent, tous écoutent

Le vendredi précédant le 3e Sunday jazz loft j’ai reçu un mail qui commençait ainsi.
“J’ai écouté TSF Jazz ce matin comme chaque matin. J’ai entendu que vous organisiez un concert dans un loft ce dimanche à 17h. Alors évidemment, je suppose qu’il n’est pas si simple d’obtenir une place… Il doit y avoir beaucoup de monde sur le coup ! …”.

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Effectivement, moins de deux jours avant l’évènement les places sont rares. Mais avec une si jolie demande, cette personne venait d’obtenir son droit d’entrée pour en être.

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Puis dimanche est vite arrivé. Durant ce temps suspendu les musiciens ont existé nos oreilles dans un contrejour sonore où se croisèrent, s’entre-choquèrent, se suivirent l’orgue hammont d’Emmanuel Bex et le soit sax / soit clarinette de Francesco Bearzatti, directeur artistique de ces concerts en appartement. Sans oublier l’invité surprise de Francesco, Oscar Marchioni.

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Derrière les trois Canon EOS 5D Mark III, Matthieu Desport, monteur virtuose des 12 pœms-poèmes qui verront bientôt le jour, réalisait en toute discrétion la captation du concert, en passant sans cesse d’un boîtier à un autre. Comme je suis heureux qu’il soit à nos côtés dans cette aventure étrange mais tout ce qu’il y a de réel, bien qu’il faille souvent que je me pince pour m’en convaincre.

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Cet après-midi le public a rit des troubles vocaux amenés de-ci de-là par Emmanuel Bex, avant que le concert ne s’achève par une participation bonne enfant de chacun d’entre nous.

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La soirée a continué autour de fromages bien-faits pour certains, de tartines de houmous, tarama, guacamole pour d’autres, sans oublier la variété de vins sélectionnés par le maître des lieux.

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Mais qu’est devenu l’inconnu du mail. Une tarte aux poires m’attendait sur le bord du bar pendant que je le cherchais. Tout aussi discret que l’élégance de sa demande, il s’est éclipsé sans se faire remarquer. J’ai alors englouti rapidement mon dessert avant de me faire interviewer par Annie de Culturebox.

C’est aussi cela les Sunday jazz loft.

 

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Encore merci à Canon pour leur soutien.

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C’est reparti pour un tour en jazz – 3e Sunday jazz loft

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Francesco Bearzatti invite Emmanuel Bex à un concert en appartement, le 30 mars 2014 à 17h.

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La poésie photographique d’Almodovar

Parler de Pedro Almodovar dans un magazine de mode, avec mes photos qui n’ont aucun rapport avec la mode et mes poèmes qui n’en ont pas plus, c’est le défi que j’ai relevé dans le dernier « Red Collector ».

Mais comment être au diapason de ce magazine de luxe, semestriel, de plus de 400 pages et de plus de 4 kilos ? C’est lourd à porter.

Pendant une dizaine de soirs, après avoir couché les enfants, j’ai regardé régulièrement un film de Pedro Almodovar, dans le noir total pour ne pas être perturbé par ces pleins de choses qui m’interpellent en continu. Je me suis laissé glisser dans son univers, je me suis laissé prendre au piège par ses ses voies sans issues, de ses rebondissements improbables et de ses rencontres incongrues aux couleurs saturées de violences et de souffrances. Sous l’influence de la musique de chacun de ses génériques, j’ai écrit un poème illustré d’un dessin.

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Venise

Quatre poèmes ont été choisis par l’équipe de Red Collector ; ainsi que deux images décalées : les fesses d’un mannequin en plastique exposées dans une vitrine vénitienne et le visage d’un singe réfléchissant à la condition humaine (ou à la sienne).

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Jardin des plantes

Je viens d’apprendre que Red Collector a été élu “plus bel imprimé de France 2014”.
Ce ne doit pas être grâce à mes images de mode.

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Depuis tout là-haut

C’était un autre dimanche, il a fallu que nous refusions du monde.
C’est compliqué de dire non à des gens qui veulent se faire plaisir en jazz

1402090191- Francesco Bearzatti - Sunday jazz loft

Francesco Bearzatti et Federico Casagrande nous ont fait voyager dans
des mondes parallèles sans limite de temps ni d’émotions. Plus le concert
avançait et plus je me demandais où ils voulaient nous emmener.
J’ai finalement compris, ils nous embarquaient dans un “sunday jazz loft”,
avec vous, avec nous comme passagers.

1402090284 - Francesco Bearzatti Federic Casagrande - Sunday jazz loft

Il y a eu une énergie positive tout au long de ce concert qui a porté les musiciens.
Elle leur a permis de nous faire décoller d’improvisation en improvisation
puis d’atterrir en douceur, sur une composition très personnelle de Francesco,
avec cette nouvelle expérience commune.

Francesco répondant à Federico à coups d'impros

Francesco répondant à Federico à coups d’impros

Federico Casagrande parti dans son jeu électrisant

Federico Casagrande parti dans son jeu électrisant

Francesco est toujours là où il faut quand il joue, et quand il fait silence,
il donne toute la place à son partenaire en dansant les notes à venir.

Georges Kiosseff - journaliste, producteur, réalisateur, bloggeur et responsable de la République du Jazz

Georges Kiosseff – journaliste, producteur, réalisateur bloggeur et responsable de la République du Jazz

Merci à vous qui faites que les “sunday jazz loft” deviennent Les “sunday jazz loft”,
avec cet esprit incontournable de partage. Ne changez rien et nous continuerons
à nous faire plaisir, tous ensemble, au rythme musical de Francesco et de ses invités.

Francesco aux côtés de l'une de ses invités, la chanteuse américaine Victoria Rummler

Francesco aux côtés de l’une de ses invités, la chanteuse américaine Victoria Rummler

Le prochain départ aura lieu le dimanche 30 mars prochain, Francesco connaît
déjà son futur co-pilote, mais je ne peux malheureusement pas vous en dire plus.

1402090469 - Federico Casagrande - sunday jazz loft

1402090006 - Francesco Bearzatti - 2e sunday jazz loft

Merci à Canon pour son soutien, son aide et son prêt de matériel (Canon 5D mark III / 24-105 mm) nous permettant de réaliser les captations des “Sunday jazz loft”.

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Ahmad Jamal, quelque part sur le net

Je l’ai croisé en photo dans une radio du web
où je l’ai croqué à plein crayon sonore.

Derrière ses lunettes noires il m’a scruté ;
je me suis très caché derrière ma feuille.

Dans sa transparence je me suis vu le regarder
à visage découvert. J’ai dérapé ma mine blême,
c’était un bic au bout rongé d’inquiétudes
appartenant à une autre.

Je me suis effacé pour lui laisser toute la place
de dégommer ce qui le rythmait d’être passé
par ici. Il s’est inscrit en noir sur blanc dans la
discrétion contrastée d’un trait posé.

Amahad Jamal

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Deuxième “sunday jazz loft” – le concert est déjà complet

Francesco Bearzatti, saxophoniste tenor et clarinettiste, Federico Casagrande guitariste

Francesco Bearzatti, saxophoniste tenor et clarinettiste, Federico Casagrande guitariste

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Premier “sunday jazz loft” en images

Dimanche 26 janvier, début d’après midi. Ça y est, dans moins de deux heures le premier “sunday jazz loft” va démarrer.

Je suis excité et enthousiaste à la fois. “Même pas inquiet” aurait pu dire l’un de mes enfants. Le compte à rebours a démarré. A peine arrivé, Francesco Bearzatti mime à Michel Benita l’une des compositions qu’il ont répété  jeudi dernier.

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Francesco Bearzatti : saxophoniste tenor et clarinettiste

Matthieu prépare les caméras pour réaliser une captation. Cette série de concerts est soutenue par Canon qui me prête du matériel pour filmer. Je suis ravi. Peut-être que nous retrouverons ces images dans mon futur web-doc sur le jazz. Quand il verra le jour.

Pour l’instant nous sommes encore au montage des 12 pœms-poèmes avec mon compagnon de route ; Matthieu Desport. Il a gagné la confiance de Francesco quand il lui a présenté les trois premiers pœms-poèmes finalisés. Francesco a vu à quel point travailler la musique était pour lui un jeu d’enfants.

Petit à petit les gens intègrent le loft, s’installent, attendent que les derniers retardataires arrivent. Le temps se fait un peu long pour ceux qui sont arrivés en avance.

Puis d’un coup je prend la parole. C’est l’heure. Je présente Francesco qui introduit Michel en quelques mots simples et souriants. La musique démarre.

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Le public est vite embarqué dans ces sons qui rebondissent à souhait sur les murs blancs de l’appartement. Je capte des rires. Tout se déroule au mieux.

Michel Benita, contrebassiste

Michel Benita, contrebassiste

Le loft est plein d’yeux qui écoutent, de mains qui tapotent la musique dans un rythme aléatoire. Entre les applaudissements, les morceaux se succèdent jusqu’à l’arrivée d’une invitée surprise : Victoria Rummler, une chanteuse américaine. Elle commence son morceau par un soufflement vocal ; doux comme cette fin de dimanche après-midi.

Victoria Rummler, chanteur, entourée de Francesco Bearzatti et Michel Benita

Victoria Rummler, chanteuse américaine, entourée de Francesco Bearzatti et Michel Benita

Le public est conquis. Puis c’est déjà fini.
Mes enfants capturent des images photographiques. En parlant d’eux, m’a cousine me dit avoir vu des “toi petit”, avec leur boîtier autour du coup, à observer tout ce qui se passe. Jolie expression.

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Le public se lève, conquis. Les chaises se plient, le buffet se vide dans une atmosphère chaleureuse qui dure l’espace d’un long moment. Les amis ne veulent pas partir.
D’autres ont déjà disparu alors que je n’ai pas eu le temps de les saluer.

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Francesco discutant avec son manager pour l’Italie

J’attrape quelques mots au passage comme “qualité de l’acoustique”, “dextérité” ou “générosité”. Les gens sont contents, je jubile.

D’un coup, la pièce se vide. Astrid, Francesco et quelques copains traînent encore un peu, jusqu’au milieu de la nuit, avant de s’éclipser à leur tour. Il faut ranger, il est tard. Ça sent les restes pour quelques jours. 22 baguettes de pain à congeler, il y aura de quoi prendre de copieux petits-déjeuners dans les semaines à venir.

Lundi fut difficile à démarrer. J’étais littéralement en apesanteur. J’ai pédalé jusque chez Canon pour leur rendre le matériel. J’ai d’ailleurs continué à pédaler dans le plaisir tout au long de la journée. On ne peut pas dire que je fus très productif.

Nous avons eu beaucoup des mails de remerciements. Ils exprimèrent chacun à leur manière la qualité des musiciens comme la chaleur de notre hospitalité. Nous avons juste accueilli nos hôtes simplement, comme nous vivons, en nous occupant d’eux, avec l’envie que chacun prenne du bon temps.

Quelques jours plus tard, nous recevions deux cartes, dans des enveloppes, avec un timbre, comme à la grande époque de la poste. Deux cartes pour exprimer le plaisir d’avoir fait parti de cette première expérience musicale. Ce fut vraiment touchant.

Francesco à trouvé l’enregistrement sonore de très bonne qualité. Il reste ainsi une trace sonore de cette journée, couplée de photos. Pour ce qui est du film, nous verrons plus tard.

le prochain “Sunday jazz loft” va se dérouler dans quelques jours, il faut déjà s’y remettre ; invitation, programme, tirage photos, mailing, achat de nourriture, mise en place… et je ne sais quoi encore.

Mais pour l’unique fait de jouir d’une telle émotion, qui de surcroit s’étale sur plusieurs jours, je suis prêt à y retourner tout de suite.

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Concert en appartement – Premier « sunday jazz loft »

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Se retrouver entre passionnés de jazz, aux frontières d’un week-end hivernal, où deux musiciens étirent encore un peu la fin de journée, juste pour nous, juste pour vous.

Un feu de bois, allumé ou éteint, quelques boissons, un début de soirée prenant des allures d’apéritif dînatoire entre amis, avant un lundi qui ressemblera sûrement aux autres.

Un concert tout privé pour le seul plaisir de jouir d’un moment de partage musical.

C’est cette expérience qu’Astrid et moi avons eu envie de tenter avec Francesco Bearzatti (sax tenor et clarinettiste), quand nous avons imaginé ces rencontres jazzistiques que nous espérons régulières.

Pour cette première fois en petit comité dans un loft parisien, Francesco a invité Michel Benita pour interpréter ou improviser avec lui.

Si vous souhaitez être des nôtres le 26 janvier prochain, envoyez-moi un mail à fb@fredblanc.com pour recevoir l’invitation accompagnée de l’adresse. N’oubliez pas
de m’indiquer le nombre de personnes. S’il reste de la place, vous serez les bienvenus.

S’il n’en reste plus, attendez le prochain concert : il aura lieu en février.

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Le jazz se projette en pœm, en images et en sons

Voici à quelques heures de sa sortie belge, le pœm-teaser du projet dont je vous rebats les les oreilles depuis bientôt deux ans, alors que vous ne voyez jamais venir le bout d’un début. Mon projet jazz par-ci, mon projet jazz par-là, mon projet jazz encore et toujours…  Vous pourriez vous demander à juste titre s’il existe vraiment, ce projet jazz ?

Présentée au salon Fotofever 2013 de la photographie contemporaine à Bruxelles, la pœm (petite œuvre multi-media) que vous pouvez voir ci-dessous sera accompagnée de l’exposition photographique d’une vingtaine d’arrêts sur des images qui en sont tirées.

C’est la première manifestation de l’aventure “et si le jazz est la vie”.
Il ne vous reste plus qu’à la découvrir dans le tempo jazzistique de Francesco Bearzatti, dans les réponses vocales de Claude Degliame et de Jean-Claude Dreyfus et dans un montage de Matthieu Desport qui donne le rythme aux animations graphiques de mes dessins, poèmes et photos.

Date de Fotofever : du 3 au 6 octobre 2013

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Sur le chemin du retour

Venant à vélo de la rue La Fayette, je suis à l’arrêt à l’angle du boulevard Magenta quand je croise du regard la silhouette d’un homme au milieu de la chaussée. Il est tout droit, tout sec, immobile. Il est figé face à la circulation. Il tient une pancarte à la main. Son attitude est étrange. Il semble ailleurs.

Interpellé, je m’approche. Personne ne fait attention à lui ; ni les voitures, ni les piétons. Tout défile autour de cet homme qui reste sourd aux mouvements de foule comme aux bruits parasites de la ville.

Que demande-t-il ? Rien. Qu’observe-t-il ? Rien non plus.
Il est plongé dans un lointain insondable.

Il tient une pancarte à la main où il ne demande ni à manger ni des tickets restaurant, où il ne parle ni de son chien mort dans des douleurs insupportables, ni de ses six enfants en bas âge dont deux ont une maladie incurable. Non.
Il tient une pancarte à la main avec l’attitude d’un homme investi d’un message universel. Une pancarte en carton où il a inscrit au feutre noir “Vous allez en enfer”. Il semble le savoir, c’est inscrit dans son regard.
J’appuie trois fois sur le déclencheur, à la deuxième il me regarde en acceptant que je lui emprunte son image. Je le remercie, puis je recommence à pédaler. Il ne dit rien.

En tirant la photographie, je remarque qu’il a le mot “Jésus” tatoué sur son bras gauche.
Pourquoi le gauche.

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Un panneau indicateur humain planté au milieu de la rue

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Sous la neige, le ski

Ce n’est plus l’époque de la neige, bien que.
Le temps du ski non plus, bien que je me
laisserais bien aller à une ultime glissade
dans cet été aux mois mouillés, où le
temps chaud ne viendra plus, ni en juin,
ni plus tard, où le ski se pointera dans
un décembre lointain, en attendant sa
neige qui se balade toute l’année autant
qu’elle peut, autant qu’il pleut sur ma
verrière en cliquetis tapageurs d’une
grêle estivale.

Ski, brouillard et blancheur de l'hiver

Ski, brouillard et blancheur de l’hiver

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L’équilibre incertain de la photographie contemporaine

Il était quelque chose entre 18h 30 et 19h, c’était chez Artazart, la librairie de toutes les créations qui a ses quartiers au bord du canal Saint Martin, là où l’on rencontre des personnages bien étranges aux projets détonants.

Ce jour-là c’était un photographe qui n’avait pas encore la réputation d’aujourd’hui.
Il faisait la promotion de son ouvrage, à la manière de ses prises de vues, sans se prendre au sérieux, en étant juste lui-même. Il m’a offert son portrait du jour, la tête dans son livre.

Cet homme s’appelle Martin Parr, vous avez déjà dû croiser l’une de ses images quelque part.

Signature à la librairie Artazart, quai de Valmy, dans le dizième arrondissement de Paris

Signature à la librairie Artazart, quai de Valmy, dans le dizième arrondissement de Paris

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Mise en couleurs

Depuis trop longtemps ma petite boîte d’aquarelle noire,
posée sur le coin ma table, me faisait de l’œil.
Je l’ai pourtant ouverte maintes fois sans aller jusqu’au bout.
Cette fois je me suis lancé.
Quel plaisir de retrouver ces sensations oubliées :
transformer la surface du papier, travailler la matière,
changer la résonance du dessin.
Voici quelques résultats qui m’ont souri dans leur tristesse
enjouée.

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Et si le jazz pouvait simplifier l’ordre des choses

15 janvier 2013 – 0h 43. Ce pourrait être demain ou hier, peu importe. Il s’est fait que c’était aujourd’hui.

Il y a bien longtemps que je ne suis pas remonté sur ma mezzanine, la nuit, pour me mettre à ma table de travail, pour avancer dans mes recherches personnelles ou plus précisément dans mes projets d’auteur. Beaucoup trop longtemps.

J’étais bloqué, fermé, figé par un surplus d’informations à traiter, par une masse informe de matériaux à organiser.
Toujours en faire plus. Jamais fini. Obsession de l’imperfection.

Je me sers une tasse de thé fumé. Celui qui m’accompagne dans mes évasions nocturnes. La théière chinoise en terre cuite marron foncé m’attend sur ce plateau en argent, qu’une ancienne connaissance avait dérobé dans un café renommé du boulevard Saint Germain pour me l’offrir. C’était il y a une quinzaine d’années.

Des textes. Pourquoi écrire tous ces poèmes, que veulent-il dire ? Les illustrer pour mieux les comprendre, faire ressortir des expressions pour mieux les appréhender.
Jamais satisfait. Je me bloque tout seul avant de rebondir. Mais le rebond est lent à apparaître dans mon champ de vision.

Je bois une gorgée, puis deux ou trois gorgées supplémentaires qui viennent réveiller mon palais. Ce thé est bien fumé. Mes pieds nus sur le parquet froid me rappellent que je suis vivant. Il a neigé cette nuit.

Produire des photographies, réaliser un autre reportage ou retourner chercher des images manquantes. Ne pas passer à côté de l’indispensable pourtant déjà fixé des dizaines de fois auparavant. Images musicales, images de vie, images de ma vie. Ne garder que l’essentiel, il y en aura encore beaucoup trop.
Compléter l’incomplétable.

J’aurais bien fumé un cigare, celui de ces soirs où j’ai envie de me faire plaisir en travaillant, mais il est trop tard, mais il est trop sec, mais il est trop gros. Quant à mon thé, il n’est pas trop fumé.

Francesco Bearzatti éclairé en contrejour sur la scène de l'Alhambra à Paris.

Francesco Bearzatti éclairé en contrejour sur la scène de l’Alhambra à Paris.

Tourner autour du sujet, ne plus rien voir, s’étouffer, chercher le déclic qui ne vient pas. Se figer sans trouver comment bouger à nouveau.

Dessiner, nettoyer les dessins, les classer, les mettre dans des boîtes par thématique, les oublier, penser qu’ils ne suffisent pas. Vouloir en réaliser de nouveaux, d’autres incontournables qui ne servent à rien de plus. Ne plus savoir.

Je lève la tête, je retrouve mon Paris de la nuit, ses toits, le Sacré Cœur déjà éteint, embrouillardé, presque qu’enfumé, parti en fumé. Je replonge mes yeux dans mon écran d’ordinateur. Un sourire de plaisir s’esquisse dans mes pensées, du simple fait d’être là, dans cette ambiance de travail qui m’avait oubliée, que j’avais laissée tomber, aveuglé par mes doutes.

Tenter de mettre en mouvement, regarder, visionner, plonger dans les œuvres de mes maîtres ; graphistes, metteurs en scène, peintres, photographes… S’interroger, se perdre à nouveau dans 24 images secondes. Monter des images fixes pour les rendre vivantes, les démonter, leur donner la parole, recomposer, peaufiner et finaliser. Puis tout rejeter en sachant que ce travail abouti n’est qu’une recherche.

Étouffement par exigence surdimensionnée. Besoin d’air. 
Appel au secours. Je prends des claques qui mettent un temps long avant de me réveiller. Alors je reprends une nouvelle tasse de thé, il est tiède maintenant. Je suis réveillé.

Écouter la musique, fréquenter ses interprètes, entendre leurs improvisations. Les caler sur mes images, se laisser faire pour découvrir des évidences cachées. Ne pas tout comprendre, loin de là. Fredonner les erreurs, ne plus savoir et perdre pied dans une asphyxie généralisée.

Le thé est froid, il pleut maintenant et c’est moins magique. J’ai pourtant, semble-t-il, retrouvé mon feu sacré, comme disait le président d’une école de commerce que j’ai longtemps fréquenté.

Le temps a joué son rôle, il m’a permis de reprendre ma respiration. Cela a duré des mois sans pouvoir produire une once de quelque chose de concret. Tous s’est bousculé. J’ai reformulé mon projet maintes et maintes fois, et je dois le reformuler encore.

J’ai gagné le soutien de personnes importantes. Le temps a continué à s’étirer et la fin hypothétique de l’aventure n’a cessé de s’éloigner.

Je m’organise, je dors. Je me sur-organise. Je dors encore plus, je suis reposé. A force d’échanges, tout semble s’éclaircir mais rien ne se débloque. Alors je dors encore, encore plus, et je finis par être encore plus reposé, mais rien dans mon état ne me permet de basculer dans l’envie de m’y remettre.

Ce soir après un énième film sur le jazz, je me suis senti prêt.
Alors je suis remonté sur ma mezzanine, elle m’attendait.

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2013 – improvisations en live

JAZZ-Vœux 2013 1.1 + filet noir

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Un “coup de cœur” de la 49e Bourse du Talent reportage

Il y a quelques mois j’ai participé à la Bourse du Talent section reportage organisée par Didier de Fays, directeur de photographie.com. J’avais présenté une série d’images sur le thème du cirque, accompagnée d’un “pœm-poème”.  Photographies, poésie et dessins s’y rencontraient au rythme d’une improvisation de jazz par Francesco Bearzatti et de  la voix de Guila Clara Kessous.

J’avais pensé que ce regard porté depuis les coulisses sur un spectacle du “cirque en chantier” apporterait un peu de fraîcheur au milieu de sujets de reportage pour la plupart très sombres (guerre, catastrophes naturelles, problèmes sociaux).
Ce ne fut pas le cas. Je n’ai pas été retenu parmi les 12 sélectionnés.
Étais-je toutefois à ma place dans cette compétition ?

Quel ne fut pas mon étonnement il y a quelques jours quand, en cherchant une  information sur le site de photographie.com, je suis tombé sur ma série traitant du cirque. J’étais présent en tant que “coup de cœur” de la 49e bourse du talent. Je peux le dire maintenant :  c’est vrai que c’est agréable de recevoir une reconnaissance de ses pairs.

Le clown blanc dans tous ses états

Photographie.com – Frèd Blanc “coup de cœur” 49e Bourse du Talent reportage

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3/3 : …Quand le jazz se récompense

18h pile, le 11 janvier 2012 au Théâtre du Châtelet, côté musique

…Comme à chaque veille de concert, j’appelle Francesco sur son portable français pour connaître le déroulement de la soirée à venir. Pour la première fois j’ai en retour une réponse extrêmement succincte composée d’un horaire et d’un lieu : 18 h, théâtre du Châtelet.

Le lendemain, à l’heure dite, j’aperçois Francesco à la terrasse du café jouxtant la salle de concert. Je m’approche, il est rayonnant et m’annonce que l’on ne peut pas entrer avant 19h30. J’ai 1h30 à perdre.

En chemin pour le prix

Comment remplir cet espace de temps non programmé ? Je me retrouve devant un vide de liberté à combler comparable à ce que l’on doit ressentir en haut d’une falaise abrupte. Que faire ? Je repense à cette idée qui a traversé mon esprit quelques minutes auparavant en pédalant jusqu’ici : formuler les moments forts de ma rencontre avec Francesco. Et si je mettais ce projet à exécution maintenant ? Oui, mais où aller ? Je me sens alors totalement démuni.

Après avoir tourné dans le quartier sans trouver un lieu qui me convienne, je m’installe dans un fast food dont je tairai le nom. Je pose mes premiers souvenirs qui datent d’un an déjà tout en me remplissant d’une nourriture insipide. A peine ai-je démarré qu’il est déjà temps de retourner d’où je viens.

Francesco porte une veste et une chemise. C’est la première fois que je le vois habillé ainsi. Ça change de ses tee-shirts aux effigies de musiciens connus, comme Jimmy Hendrix qui prend plus de place dans mes photos que son propre visage. Entouré de ses parents, il entre dans le Châtelet et disparaît dans la foule. J’essaye de le suivre tant bien que mal, mon vélo plié à bout de bras, me faufilant entre les futurs spectateurs venus assister à la remise des prix de l’Académie du Jazz 2011.

L’attente

La cérémonie s’étale en longueur. Francesco attend son tour dans le couloir, il ne semble pas vouloir entrer dans la salle. Il me fait comprendre à plusieurs reprises qu’il est stressé. Je ne dis rien et décide d’aller faire des photos de l’autre côté de la porte pour le laisser tranquille.

Francesco entouré d’amis musiciens comme Emmanuel Bex ou Thierry Peala

Francesco se met à jouer sans instrument

L’artiste à deux doigts de récupérer son prix

Puis arrive son moment. Après un discours de circonstance, il passe aux aveux musicaux qui illustrent avec brio l’évidence de sa nomination. En soliste, il m’étonne une fois de plus avec son jeu différent, toujours aussi personnel. Au deuxième morceau, il est accompagné d’une chanteuse, Cristina Zavalloni qui cale sa voix sur sa musique destructurée. Francesco joue avec ses deux instruments en même temps, son sax dans une main, sa clarinette dans l’autre, les deux dans la bouche. Un son particulier en sort. C’est sublime. Acclamation du public.

Francesco jouant du sax et de la clarinette en même temps, accompagné par Cristina Zavalloni

Il est heureux. Tout sourire, son père à sa gauche, sa mère à sa droite. Puis c’est la photo traditionnelle des récompensés, pour l’un des journaux nationaux de jazz. Nous finissons la soirée dans un couscous avec Cristina et son attachée de presse. Trop fatigué, il ne parle pas, mais le dîner s’achève lentement dans la bonne humeur. Je rentre à vélo, je sais que la semaine prochaine Francesco va improviser sur mon premier diaporama sonore (pœm) dont le montage vient d’être achevé avec Matthieu Desport aux manettes. Je suis impatient d’entendre mes images parler en musique.

Francesco partageant sa joie en famille

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2/3 : …Quand le jazz jouera la poésie…

18h précises, le 26 avril 2011 dans un club de jazz du boulevard Sébastopol

…Deux mois plus tard j’ai rendez-vous avec Francesco Bearzatti au concert d’Henri Texier dont il est le sax tenor et le clarinettiste. La rencontre se passe au Duc des Lombards, un des lieux incontournables du jazz parisien.

Il s’agit juste de faire connaissance. Pourtant je suis certain de produire des images, je ne l’imagine même pas autrement. Je traverse tranquillement les petites rues des Halles sur mon vélo pliable, mon matériel de prises de vue dans ma banane photo. J’aime arriver en avance quand je réalise un reportage. Ressentir l’atmosphère avant de démarrer est un luxe auquel je tiens.

Francesco Bearzatti attendant le début du concert au Duc des Lombards

Assis dans une semi-obscurité, mon ordinateur sur les genoux, je me trouve aux côtés de Francesco Bearzatti. Cela fait maintenant une dizaine de minutes que je l’ai rencontré. Il regarde avec attention la présentation animée de mon projet sur le jazz. Il a peu de temps avant d’entrer en scène. Sans un mot il observe les diapositives défiler les unes après les autres sur l’écran de mon portable. Fondu au noir, le document s’arrête. Il me regarde enthousiaste et accepte immédiatement de participer à cette folle aventure : associer poésie, photographies, dessins, musique, voix et design dans un diaporama animé, appelé aussi pœm (petite œuvre multimedia).

Il m’invite au concert et m’autorise à le prendre en photo, là où normalement il est interdit d’en faire. Mon appareil autour du cou, j’attends le début de sa prestation. Je tourne autour de la scène de ce lieu mythique pour trouver la bonne place, la plus photogénique. Il y a peu d’espace pour bouger, pour attraper les différents angles de vue. Une femme s’approche de moi et m’informe que je ne pourrai pas me déplacer pendant le concert pour ne pas déranger l’équipe du Duc.

Francesco Bearzatti

Pourtant la dernière fois que je m’y étais rendu, c’était différent. C’était il y a longtemps. C’était un soir d’anniversaire du mois de février avec ma femme. La scène était de l’autre côté. Sur le bord droit Franck Avitabile jouait du piano et moi je prenais des photos comme à mon habitude. A l’époque c’était autorisé. La scène était-elle plus grande ? Je ne m’en souviens plus. Moins exiguë, peut-être !

Francesco Bearzatti aux côtés d’Henri Texier à la contrebasse et Sébastien Texier au saxophone

Je suis à nouveau du côté droit. J’ai trouvé ma place ; deux mètres de superficie, deux objectifs et deux sets identiques, soit deux fois le même concert pour chercher, me tromper, rater, recommencer encore et toujours les mêmes images. Cadrages trop bougés ou pas assez serrés, aux flous illisibles ou aux tests à creuser. Toujours trop d’images au point de me demander une fois de plus pourquoi j’en ai fait tant. Inquiétude de ne pas avoir la bonne, mais la bonne quoi ? Besoin de me rassurer sûrement.

Francesco dans une de ses positions habituelles d’attente, se balançant d’avant en arrière

Francesco, Henri et Sébastien dialoguant en musique

Le premier set est terminé, je me retourne et j’aperçois au milieu de la scène un homme qui ressemble tellement à Bertrand Tavernier que c’est lui. Deuxième moment fort de la soirée, après la rencontre avec Francesco. Je vais au devant du réalisateur d’Autour de minuit, ce film sur le jazz qui s’est inscrit en moi lorsque j’étais adolescent. Cette histoire où François Cluzet joue le rôle dérangeant d’un passionné de jazz qui dépasse les limites de la place du spectateur habituel pour devenir tellement l’ami du musicien qu’il finit par se perdre dans la vie de l’autre. Ce film que j’ai usé à force de faire tourner la cassette vidéo dans le magnétoscope, ce film qui m’a fait découvrir une forme particulière de rencontre jazzistique. Ce fut une véritable expérience de jeunesse par procuration. Quelques décennies plus tard j’ai transformé ces souvenirs en poèmes, parce que je n’avais pas d’autre choix.

Aujourd’hui je me retrouve face à ce réalisateur qui m’a tant marqué par petites touches successives. Ce réalisateur que je cherche à contacter depuis plusieurs mois déjà pour lui demander d’écrire l’édito de mon recueil de poésie sur le jazz, est ici, devant moi, sans que je l’aie cherché. Beau cadeau de la vie. Je lui parle brièvement de mon projet, il m’écoute, me donne sa carte de visite, me dit être très pris en ce moment. Me propose de le rappeler d’ici 6 mois. Très belle soirée.

Les semaines et mois qui suivirent furent divisés entre des recherches sur mes dessins, mes textes, mes photographies et une réflexion sur la façon de les faire vivre ensemble. Le tout ponctué de reportages successifs sur Francesco au sein de formations aussi variées que celles d’Emmanuel Bex, de Mauro Gargano, d’Henri Texier, de groupes éphémères et expérimentaux ou du sien, le Tinissima quartet. Du New Morning à l’Alhambra, du Sunrise aux Rendez-vous de l’Erdre, du Petit théâtre du sourire au Triton, j’ai baladé mon œil sur une certaine forme de jazz, incarnée par la personnalité musicale de Francesco.

En plein dans l’ambiance du concert

Puis il y a eu ce soir, avant le début du concert dans la cave du Sunset, rue des Lombards, où Francesco a appris qu’il était nommé meilleur joueur de Jazz européen 2011 par l’Académie du Jazz. Cette nomination semblait importante pour lui, je ne pouvais pour rien au monde la manquer…

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1/3 : Quand la poésie parle jazz…

11h 25 environ, le 4 février 2011, au “Pain quotidien” de la rue des Petits carreaux

Comme chaque matin depuis des mois je travaille au café en bas de l’agence, sur une grande table. Toujours à la même place, près de la prise électrique, indispensable compagnon de mon ordinateur. Toujours avec la même commande ; un thé lapsang souchong et une planche baguette. Au calme, la tête incrustée dans ma machine, je suis plongé dans la structuration d’une stratégie pour un client qui se questionne sur son identité. Personne ne me dérange et la musique m’accompagne tout au long de la matinée. Véritable cérémonial qui m’aide à concevoir sans être perturbé.

La salle du “Pain quotidien”, le matin avant l’arrivée des habitués, des par hasard et des touristes

Ce matin-là à la table d’en face, une petite table, un garçon italien – je le saurai par la suite -, lève la tête de son ordinateur, me salue comme un habitué du lieu et engage la conversation. Il décline son identité et même un peu plus, je fais de même. Nous échangeons sur notre quotidien, sur ce qui nous fait lever le matin. Il est chercheur, fait des conférences, vit entre la France et l’Italie. J’évoque mon travail poétique, il semble intéressé. Je lui parle de mon projet en cours sur le jazz, il reste attentif. Je lui dis être à la recherche d’un musicien pour accompagner mes poèmes et mes photos, il me répond du tac au tac qu’il en connaît plusieurs et me parle d’un certain Francesco Bearzatti, un autre Italien. Étrange, l’Italie entre à nouveau dans ma vie mais je ne m’en rends pas encore compte.

La traditionnelle planche baguette accompagnée d’un thé

Quelques heures plus tard, la salle se remplit dans une ambiance très Montorgueil

Ce jazzman m’est inconnu mais je connais peu de noms d’interprètes. Je connais davantage leurs musiques. Il me propose de me le présenter. Je cherche ce musicien sur internet pour écouter son travail. Je découvre sur youtube toute une série de ses concerts saucissonnés et je me rends compte que sa musique répond exactement à mes envies. J’entends le même rythme musical que celui que j’imagine en composant mes poèmes : ce tempo façon respiration destructurée quand, essoufflé, je ne sais pas vraiment où je vais, ni comment cela s’arrêtera. Ces sons illustrent parfaitement l’état d’entre-deux où je me trouve régulièrement, cet élan vers quelque chose de toujours plus inaccessible qui oscille entre composition, interprétation et improvisation. Tout en travaillant sur mes dossiers je fais tourner en boucle les musiques de Francesco Bearzatti. Je m’imagine sans difficultés dialoguer avec ce musicien. Je finis même par croire que je le connais, tellement je l’ai entendu et vu sur la toile. Internet fait beaucoup pour créer l’illusion que des inconnus nous sont proches…

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Inscription d’un temps fini

J’ai regardé mon mur qui me parlait d’un maintenant
que j’ai décroché pour aimanter ailleurs.
Je l’ai photographié pour que ce passé reste présent,
composé de dessins, d’affiches, de photos posées
à demi-mot sur un fond noir.

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Qu’est-ce qu’une pœm ?

Depuis que j’ai réalisé mon premier pœm-poème, mon entourage m’a demandé à plusieurs reprises ce qu’est une pœm. Après quelques réponses aussi incertaines qu’incomplètes, j’ai décidé de me prêter au jeu de la définition.

Le terme P.Œ.M. est l’acronyme de “Petite Œuvre Multimédia”. Il se lit et peut aussi s’écrire “POM”. On parle également de diaporama sonore.
Une pœm montre la photographie avec d’autres moyens que ceux utilisés habituellement,
qui sont généralement liés au support imprimé (magazine, journal, livre, exposition).
Une pœm résulte de l’association de différents media : image (photo, dessin, graphisme, typographie…) et son (bruit, voix, musique…), soutenue par un montage efficace, au service d’un thème choisi.
Une pœm propose une autre manière de raconter une histoire, de présenter un reportage.
Une pœm est un petit format, facile d’accès, qui peut exprimer de la complexité dans un temps court.
Une pœm peut comporter jusqu’à une cinquantaine de photographies.
Une pœm dure deux à trois minutes pour être facilement téléchargeable sur le net.
Une pœm est une prise de parole multi-supports adaptée à l’ère du numérique, visible aussi bien sur un ordinateur, un i-phone, un i-pad, que sur la télévision ou sur un outil de diffusion inventé pour l’occasion.
Une pœm est l’œuvre d’un photographe. Ce dernier en est le “metteur en vie”.

Alors me direz-vous, qu’est ce qu’un pœm-poème ?
C’est tout ce processus au service d’un poème.

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3/3 : …Et la pœm du poème

Photographie.com a réalisé un article compilant différents points de vues sur les pœms
et illustré entre autres par le pœm-poème “Éclats en tous genres” sur le cirque :
signe-des-temps-la-poem-un-jeu-denfant

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2/3 : …Le poème de la pœm…


Éclats en tous genres

Clown peur, 
clown joie,
clou du 
spectacle où
les enfants 
en redemandent,
où les adultes 
rejettent ces
images cauchemars de leurs
cinq, sept ou neuf ans, hantés
par
 ces têtes sur-
maquillées,
par ces 
voix stridentes, par
ses mouvements 
exagérés
qui les 
suivent encore
aujourd’hui 
jusqu’aux portes
du chapiteau 
accueillant
les petits, qu’ils 
tiennent par
la
 main pour assister 
à la
parade d’une 
tête totalement
blanche chapeau
 pointu, d’une
bouche
 exagérément grande
chapeau rond.



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1/3 : Premier pœm-poème / Le clown blanc dans tous ses états…

Sous les chapiteaux successifs que j’ai pu approcher, j’ai rencontré un cirque unique à facettes multiples. Il ne m’a jamais quitté. Une piste au repos, dans l’obscurité, avant sa mise à nu, une fois, deux fois, trois fois dans la même journée. Des hommes aux personnalités diverses, toujours en action, toujours en mouvement. Un mensonge sur-joué fait de bouts de vrai, de beautés cachées, de tristesses transcendées, de maquillages paillettes, de clowns bouche-trous… Trapézistes angoisses, dompteurs peurs, magiciens ratés, chevaux élégants ou éléphants majestueusement potiches se mélangent à une fumée poussière afin de devenir voyage à la découverte de contrées réinventées. Montage, cage, musique, accessoires, entr’acte, démontage, fin de l’histoire. Tout se dit dans les coulisses d’une roulotte. Tout se transforme devant le public, dans les cris assourdissants d’enfants aux yeux ronds d’étonnement et aux éclats de rire sans jugement, dans le comportement de parents apeurés par leur enfance disparue. Mais mon cirque, c’est aussi celui qui se trouve au croisement imaginaire de ma culture familiale et de mes aventures fantasmées de voyageur reporter, la musique yiddish flirtant avec la musique tsigane, ou le rêve de contrées éloignées s’incarnant dans le mode de vie des gens du voyage. Passant de troupes en troupes, je les écoute jouer leur partition. Dans le public puis dans les coulisses, je cherche à saisir leurs raisons d’être ces hommes, sans autre attache que leurs numéros d’un soir ou d’une après-midi. Dans l’ombre j’inscris mes émotions visuelles sur ma pellicule virtuelle et je pose mes ressentis instantanés dans mon cahier zapbook, spécial poésie quotidienne.

Cirque en chantier - Ile Seguin

En juin 2011 sur l’île Seguin, un cirque en chantier m’accueille. Sous un chapiteau blanc, je croise l’histoire d’un clown tout aussi blanc. Elle est sortie de la tête de Madona Bouglione, c’est sa fille Victoria qui me l’a dit.

Pour la première fois, je suis véritablement confronté à un voyage mental dans un monde sans frontières pré-établies. De cette expérience particulière, j’ai tiré ma première pœm, petite œuvre multi média, dont le montage, improvisé dans la lignée d’une musique jazz, est rythmé par une voix de conteuse. Pour la première fois, j’ai tenté de dépasser les limites de mes mots en poèmes, de mes images en photos, de mes dessins d’un trait.

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2/2 : …Vue du dessous

Au milieu de
couloirs vitrines
surveillés par
des gardes
aux armures
sculpturales
et casques
moustaches,
des enfants
inconscients
du danger
qu’ils courent
dans les allées
– prises d’assaut
par des visiteurs
à l’affût de
l’exposition qu’il
faut voir pour
en faire partie
et être accepté
par ses pairs, –
des enfants tirent
sur tout ce qui
bouge mais
surtout sur tout
ce qui dépasse
trop du niveau
de l’acceptable,
sans toutefois
se faire 
remarquer.

Dessin souvenir d'un masque samouraï

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1/2 : Noblesse samouraïs…

Nous voilà à nouveau, mes enfants et moi, sur les traces de cultures anciennes du musée du quai Branly, et plus encore sur celles d’une place de stationnement pour notre automobile à l’embrayage toussotant.

Nous ne sommes plus là pour découvrir les sculptures dogons, mais pour croiser les armures brodées, les masques moustaches, les casques sculptures, les chevaux à têtes de dragons, les sabres de guerriers calligraphes ou littéraires. En quelques sorte pour voir en vrai, derrière une vitre, les tenues samouraïs de castes japonaises réalisées par des artistes talentueux.

Armure de guerrier avec casque et masque, protections métalliques du corps et de la tête, milieu de l'époque d'edo

Mon fils photo-dessine pendant que ma fille esquisse du croquis d’enfant. Ils se font plaisir à passer de vitrines en vitrines. Je fais de même et nous nous montrons régulièrement nos œuvres de l’instant, en les légendant de notre plaisir de les avoir réalisées ensemble.

Demi masque samouraï avec moustache

Masque samouraï

Masque de cheval à tête de dragon

Nous prenons notre temps. Au fil de la journée, dimanche se japonise. Nous rentrons le soir les yeux plissés d’une fatigue insulaire et l’imagination débridée en kanjis.

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Faites votre choix de légumes littéraires à la bibliothèque de l’Arsenal, Vendredi 23 sept. à 18h30

Je viens de le recevoir. Il est encore tout chaud sorti des presses d’une linotype. Sa pelure est douce, ses images pleines de formes arrondies. Il invite à la dégustation aux côtés du maître en la matière, Alain Passard : “Je travaille les découpes, je décortique, je cuis, j’assaisonne, je braise, je flambe. J’entre en vibration avec les légumes. Je suis dans une ivresse totale de couleurs, de parfums.” C’est pour nous faire partager cette mise en bouche que le chef de l’Arpège  s’est échappé un instant de ses cuisines et a poussé les portes de l’Abécédaire légumophile.

26 auteurs ont fait leur marché pour nous faire goûter leur vision d’un légume, nous faire croquer dans l’une de leurs expériences gustatives ou nous laisser éplucher un de leurs moments d’émotions partagés avec ces produits de la terre. Écrivain, poète, oulipien, historien ou chercheur, chacun a assaisonné sa lettre de prédilection.

C comme Chou par Alain Chevrier, E comme Éplucheur de pommes de terres par Astrid Bouygues, H comme Haricot ou le parti pris du mangetout par Paul Fournel, K par Zéno Bianu, N par Jacques Jouet, P par Pierre Albert-Birot, R par Gabriel Saad ou Z par Jean Follain…  Et bien d’autres encore,  jouant de tous les ingrédients pour nous régaler l’esprit.

Et si vous faites un petit tour à la lettre T comme Tomate, vous y découvrirez le potager secret où j’ai déposé quelques poèmes et “autres Tragédies légumières” comme l’a écrit Astrid Bouygues, qui a rassemblé ces textes avec Jean-Pierre Fournier.

Couverture de l'ouvrage "Abécédaire légumophile" (Gravure François Houtin) Éditions Virgile – Bibliothèques gourmandes

Soirée de lancement le vendredi 23 septembre 2011 de 18h30 à 20h30
à la bibliothèque de l’Arsenal : 1 rue de Sully – 75004 Paris.
RSVP : bibliotheque.gourmande@gmail.com
http://www.fete-gastronomie.fr/en/event/5268/

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Les toxiclopes

Cigarette de toxicomane pour visage de cyclope au trait

Croquis noir et blanc de cyclopes en action et de recherches de mains qui fument ou qui attrapent

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2/2 : …Derrière la vitre

Corps replié
sur lui-même,
accroupi, agenouillé,
prêt à bondir,
à écouter, à
entendre, à
rejouer la scène
en l’honneur
du Dieu à
vénérer dans
toutes les
situations
des plus au
moins, des
trop aux pas
assez, dans
les règles d’un
art codifié,
les bras tendus
vers le ciel, les
visages et les
corps scarifiés,
les cous et les
jambes
démesurément
longs, les
seins tombant
avec assurance,
les masques
regards, les
masques criards,
les masques
animaux, les
masques en bois,
tout en bois de
la forêt de la
tribu Dogon.

Dessin imaginaire de masques & objets Dogons

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1/2 : L’aventure Dogon au coin d’une sculpture…

Un samedi en fin de matinée, je marche sur le trottoir du quai Branly entre mes deux enfants qui me tiennent la main. Il ne fait pas vraiment beau, il ne fait pas vraiment mauvais non plus. Quelques minutes plus tard nous pénétrons dans le musée qui porte le même nom que le quai, pour découvrir ces sculptures qui m’ont interpellé un matin alors que je feuilletais Libération – ce quotidien qui traîne dans le café quotidien où je vais écrire et réfléchir devant un thé et un pain tout aussi quotidiens avant de me rendre à mon agence.

Une des sculptures Dogon en bois, exposée au Musée du quai Branly en avril 2011

Après avoir comme à notre habitude regardé les cartes postales pour nous donner une idée de ce que nous allions découvrir, nous nous trouvons tous les trois dans une immense salle où des cubes en verre remplis de sculptures en bois du Mali viennent structurer la circulation. La visite commence. Nous voilà fin prêts, notre matériel à nos côtés. Un appareil photo, un cahier de croquis, un crayon. Chacun les nôtres. Nous errons. Ma fille d’à peine cinq ans court, regarde, veut dessiner, photographier, dessiner à nouveau, rephotographier, redessiner et reuzéreu. Elle change sans cesse d’envie, se lasse vite. Elle découvre, cherche son rythme. Mon fils quant à lui avance plus lentement, observe, s’interroge, retourne en arrière, revient. Il passe d’une photo à un croquis sans se faire remarquer et même plutôt en se faisant oublier derrière un présentoir ou une sculpture monumentale. Ils viennent chacun leur tour me présenter leurs œuvres et s’étonnent que leur papa dessine mieux qu’eux. Même moi je finis par y croire tellement je reçois d’éloges de leur part. On n’est jamais mieux flatté que par les siens.

Croquis au crayon de différents angles d'une même sculpture africaine (Mali - Dogon, N'duleri)

Croquis au crayon de différents angles d'une série de sculptures africaines (Mali - Dogon, Telem)

Trois salles se succèdent et ils en redemandent. Après plus de deux heures trente de cet exercice incessant, c’est moi qui cherche la sortie du labyrinthe africain, mon cahier de croquis sous le bras et mes yeux sens dessus dessous.
Le soir à l’heure du coucher le manège reprend devant ma femme qui assiste à la présentation de notre trésor visuel en forme de croquis dogonesques. Chacun notre tour, nous y allons de notre anecdote, un petit souvenir aux lèvres.

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Message en dérangement

Interprétation d'un poémophone

Des têtes en dessin regardent des amateurs de poésie se balader aux Blancs Manteaux

Dans un élan
passionné
aux échanges
silencieux,
elle lui a
raccroché un
poème au nez
pour lui
défriser
l’oreille entre
ce mot en
moins et
son mot en
trop, pour
le laisser
au bout du
fil coupé,
à la tonalité
dérimée,
dans ce
silence en
suspension
où l’écouteur
d’une autre
époque se
balance dans
le vide de ce
chuchotement
en boucles,
gravé sur
le répondeur
automatique
du souvenir
de ce dernier
mot entendu
avant le cut
final.

Une promeneuse prend plaisir à écouter des poèmes depuis un des poémophones

Serge Pey, Eve Griliquez et Charles Gonzales participant à la lecture de poésie en hommage à Arlette Albert-Birot

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Espace des Blancs Manteaux : Je me souviens, c’était là tout de suite

Installation des poémophones à l'entrée de l'espace des Blancs Manteaux

Après que quelques non clients aient essayé de prendre par mégarde volontaire mon recueil  lors du marché de la poésie d’automne, recueil est à vendre puisque c’est écrit dessus et confirmé par une étiquette en plus, j’ai voulu partager avec vous ces souvenirs de têtes faussement étonnées, de discours pas du tout construits et d’excuses fondées sur un à peu près bafouillant.

Mon premier recueil de poésie avec son prix à ses côtés, entre une liste de prix et des marque-pages.

Crise de foi

Ah…, je ne savais
pas…, je croyais
que…, c’est
écrit où…,
un tarif…, en
gros…, le prix…,
je n’avais pas
vu…, combien…,
ah…, je le repose…,
désolé…, ce n’est
pas un catalogue…,
c’est un livre…,
pas gratuit…,
ah bon…,
de la poésie…,
excusez-moi…,
ça se vend
la poésie…,
ah…, combien…,
des lecteurs…,
combien…,
des poètes…,
combien…,
des ouvrages…,
combien…,
votre recueil…,
combien…,
j’en prends un.

Écoute des poèmes dans les différents poémophones installés sur le stand.

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3/3 : …Paris/New York, un an de réflexion

…Une fois rentré à Paris, dès que le temps me l’a permis, j’ai regardé le résultat de mes photos sans vraiment comprendre pourquoi je suis je seul à m’intéresser à ce spectacle étourdissant, si visible pour celui qui lève parfois la tête au-dessus de la technologie à tout va. Sans réponse j’ai fini par mettre ce sujet de côté mais il continuait à m’obséder régulièrement. Et si je le ressortais de temps à autre, c’était sans savoir quoi en faire et rien ne bougeait. Je le montrais à des regards avertis qui me poussaient à à en tirer parti, mais une fois seul j’étais perdu.

En attendant qu'il vienne le temps est long à la porte de l'Apple Store

C’est en le présentant à un collectionneur de photos qui s’intéresse depuis longtemps à mon travail que je peux enfin élaborer ma démarche. Je lui explique que je vais mettre côte à côte des images de cette série pour retranscrire ce tourbillonnement particulier. Il semble convaincu et attend avec impatience l’œuvre aboutie. Je suis heureux, je viens de franchir une étape clé dans la maturation de ce projet. Pourtant le fait même d’avoir exposé mon approche me bloque à nouveau. L’avoir exprimée me met dans la même situation que de l’avoir réalisée.

Il me faut alors une nouvelle année pour aboutir le travail qui d’ailleurs prend une toute autre ampleur. C’est en juillet 2010 que je mets un point quasi final à ce chantier, date limite que je m’étais fixée pour présenter le résultat à mon collectionneur. D’une composition photographique de départ j’en ai construit huit, déclinées en quatre variations. Il est convaincu par la transcription visuelle de mon idée originelle et réserve la pièce centrale de mon projet. Une œuvre d’1,2 mètre sur 80 cm représentant une composition de huit photos de pieds en mouvement, gravitant autour d’une image centrale, celle de l’escalier de l’Apple store de New York. Je suis soulagé.

Le début de la constrction de ce mouvement perpétuel

En octobre 2010, le tirage est sorti du laboratoire photographique et un mois plus tard j’accompagnais mon collectionneur chez l’encadreur pour aller le chercher. Aujourd’hui il se trouve dans son bureau aux côtés d’œuvres de Combas, de Philippe Cognée et de Marc Riboud. Quel plaisir !

En traversant New York il y a un an et demi j’ai croisé des expressions sur des visages vus de face et  j’ai découvert les attitudes de corps vus du dessous. Cet autre angle m’a offert un regard très différent sur la vie new yorkaise rythmée par des répétitions entre flous et transparences. Dans ces petits instants évoqués qui se refusent à tout montrer, je me suis finalement davantage rapproché des gens qu’avec des portraits très serrés, photographiquement forts, mais seulement suscités par le désir d’un effet de style.

Composition d'une série de pieds gravitant autour d'un escalier central de l'Apple Store de NY

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2/3 : …Manhattan – La “big apple” croquée…

…Deuxième matin. Je propose à mon père de m’accompagner. Je marche plus lentement, je fais moins de photos, nous discutons tranquillement et d’autres choses se passent. En arrivant devant l’Apple store de la 5e avenue nous sommes aspirés dans l’Apple way of life. Mon père disparaît au milieu de cette foule à l’affût des nouveaux produits de la Mac generation tandis que je reste fasciné par les escaliers qui nous ont descendus dans les sous-sols du temple de la culture Mac.

L'entrée de l'Apple store de Manhattan reflétant les tours du quartier de la 5e avenue

Je regarde ces escaliers en verre dépoli qui jouent subtilement avec les lumières extérieures. Si les transparences commencent dès l’entrée cubique de l’édifice où les reflets jouent tour à tour avec la cage de l’ascenseur, celle de l’escalier, Schwarz le magasin mythique de jouets, le monumental Plaza hôtel transformé aujourd’hui en résidence ou Central Park, c’est bien au sous-sol que la magie déploie toute sa puissance. Ce n’est qu’une fois à l’intérieur que l’on peut distinguer les pieds des visiteurs qui se meuvent sur un rythme particulier, entre le dedans et le dehors, entre le dehors et le dedans. Devant cette danse quasi sacrée je sors mon appareil photo et je commence à shooter.

Petit à petit je bascule dans un état second. Enivré par ces mouvements en continu, j’appuie sans m’arrêter, sans arriver à m’arrêter. Je distingue des dessous d’escarpins, de godasses, de mocassins. J’entrevois une personne qui attend son compagnon, une autre qui hésite, qui fait marche avant, marche arrière, puis une autre avec une mallette, avec une chaise roulante, une poussette, un vélo et je ne sais plus quoi d’autre tellement les images vont vite. Et tout recommence. Un groupe arrive, prend les escaliers, je les suis du viseur, j’appuie encore. D’autres personnages empruntent l’ascenseur, je ne m’épuise toujours pas. Je déclenche encore et encore. Cette transparence me parle, me donne à imaginer, m’envoûte et m’entraîne dans cette réalité transformée où j’essaye de traduire mon ressenti sans réellement y parvenir. L’image regardée n’est déjà plus. Comment transcrire avec des images fixes ce vertige de pieds qui apparaissent et disparaissent ? Je ne pense pas à filmer, juste à photographier, en noir et blanc, en continu. J’appuie et j’appuie encore. Je joue avec la découpe des marches comme avec celle des dalles en verre qui, à leur tour, jouent leur rôle de passerelles entre la rue et la cage d’ascenseur. Rectangles entrecoupés de pieds, découpes horizontales et verticales, semelles de chaussures noires qui se grisent dans le mouvement. J’attrape tout ce que je peux.

Vue du dessous en transparence de l'entrée de l'Apple Store de New-York

L’excitation monte. Quelqu’un me tapote sur l’épaule. Je sursaute. C’est mon père qui souhaite retourner à l’hôtel, les autres l’attendent. Il me demande si j’ai terminé, j’acquiesce, je lui dis que je le retrouve dans deux minutes dehors. Me voilà ramené à cette triste réalité de la vie en communauté. Je le rejoins, je lui raconte ce que je viens de vivre mais le doute s’empare de moi. Il faut que j’y retourne, je n’ai pas ce qu’il me faut, je n’ai rien, tout est mauvais j’en suis sûr. Je le laisse en plan, il rentre seul à l’hôtel et je pars compléter ma série.

Je suis seul, le temps se rallonge. Je change d’objectif, je resserre mon cadre pour me retrouver plus proche des semelles de mes personnages, pour ressentir leurs mouvements, leurs choix, leurs doutes, leurs certitudes, pour me laisser prendre à leur jeu, sans réfléchir. Je compose, je décompose, je recomposerai plus tard. Pour l’instant j’emmagasine de l’image. Me servira-t-elle un jour ? La seule chose qui me tient la tête cambrée en arrière est d’être là où je me trouve, sous ces passants qui passent. Je suis en eux, je suis dans chacun de leurs mouvements et ils n’en savent rien, et je n’en connaîtrai aucun. Aucun visage, aucune expression. Je suis loin des photos de rues que j’ai l’habitude de prendre. Et pourtant je capte ces attitudes Je retrouve ce que je cherche obsessionnellement. Un personnage seul, un autre exclu, un groupe, un mouvement incertain. Ma tête tourne à force de regarder en l’air, je perds l’équilibre mais je ne peux m’arrêter. Ce défilé en continu est si beau.

L'entrée de l'Apple Store donnant sur l'escalier central

Les gens d’en bas quant à eux continuent à regarder les imacs, iphones, itunes, ipads, itouchs beaucoup de choses mais personne ne voit ce que je vois, personne ne me voit non plus la tête levée à photographier des pieds en transparence. En dessous de ce tout qui vit à mille à l’heure…

Apple : la dynamique d'un lieu de culte

Les marches à double épaisseur où se croisent les descendeurs et les monteurs

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1/3 : NY City – Un déplacement imprévu…

7 mai 2009, ma sœur allait fêter ses 40 ans dans quelques jours à New York et il ne m’était même pas venu à l’esprit de m’y rendre. Je m’étais exclu de ce moment de fête sans même m’en rendre compte ou plutôt je ne m’autorisais pas à en être. Ce n’était pas pour moi. Deux jours avant je n’avais pas de passeport valide, puis tout a basculé quand j’ai réalisé, presque trop tard, que ma place était là-bas à côté de ma sœur, aux côtés de mes parents.

9 mai 2009, je me retrouve à New York pour 72 heures.

Dans l’avion j’écris à ma petite sœur les raisons de ma venue sur les quatre côtés d’une enveloppe déchirée et dépliée d’American Airline. Quelque chose comme un je t’aime fraternel posé sur le seul papier à ma disposition, cette enveloppe qui a terminé saturée d’une écriture toute compressée par manque de place ou de temps pour tout dire.

Puis New York City m’accueille avec son odeur, ses bruits, son agitation, ses lumières tranchées, son gigantisme. Je me laisse prendre sans aucune résistance, tombant dans cet état particulier provoqué par le décalage horaire, avant de glisser dans le sentiment d’invulnérabilité que procurent des journées qui commencent très tôt et qui ne s’achèvent jamais. Dans trois jours c’est déjà Paris.

Depuis le taxi. Traversée de la ville et des différentes communautés

Manhattan. A l'angle d'un bloc de l'Upper Ouest

Tout va très vite, surprise, rires, larmes de joie, étonnement, embrassades, larmes d’émotion, cadeau, don du petit mot sur l’enveloppe reconfectionnée en lettre, larmes de bonheur…

S'il était écrivain, il pourrait me faire penser à Ernest Hemingway

Le lendemain vers 5h du matin j’arpente seul la ville, caméra et appareil photo au point, tout en réalisant ce que j’ai l’habitude de produire. Sans savoir que d’autres images m’ont donné rendez-vous ici pour m’emmener vers d’autres projets qui me tiendront excité pour les mois, peut-être les années à venir.

Petit déj. en vitrine à Manhattan

Pour l’instant c’est avec les photos de rues que je fricote. Jamais assez proche, jamais assez longtemps, jamais assez fortes, jamais assez patient. Je l’ai tellement entendu écrit par mes maîtres à attraper de l’image que je me demande pourquoi je me débats tant à vouloir croiser au coin d’une rue une photo de William Klein façon NY 1954-55 ou dans le pur jus des photos quotidiennes réalisées par Raymond Depardon pour Libération (juillet 1981). Pour quoi faire ? Encore des personnages qui marchent, l’obsession de ces visages qui viennent à moi, la volonté d’attraper leurs regards, de fixer l’expression de ces inconnus que je vais apprendre à connaître sur papier photo. Comme si je ne pouvais pas faire autrement. Comme si j’avais encore besoin de ces mêmes images que j’ai déjà tant cherchées, tant ratées et parfois trouvées…

Le mot taxi incrusté dans un geste de vie New-Yorkaise

Femmes aux lunettes mondaines encadrant des enfants de la rue

Un homme en casquette brisant l'air de son passage éclair dans la foule de la ville

Une femme de tête s'imposant face à la dureté de la cité

Une jeune femme aux lunettes de star blanches coupe une foule floue

La chaleur de la ville n'empêche pas les citadines de bouger de blocs en blocs

Dans l'ambiance souriante d'une rue de la "Big Apple Town"

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2/2 : …Une vue de Miami très asiatisante

…Cet appartement bourgeois dans lequel je me trouve est l’une des demeures secondaires d’un couple de collectionneurs parisiens qui m’avait commandé quatre ans auparavant une série de photographies pour décorer son nouveau lieu de villégiature. Lieu qui m’était alors inconnu à l’exception de quelques clichés amateurs qui m’avaient donné une pré-saveur de ce qu’allait être cette maison en altitude qu’ils appellent ici penthouse. Je devais leur proposer des images de reportage pour enrichir le style asiatisant qu’ils souhaitaient donner à leur appartement. Et je le découvre enfin 48 mois plus tard, terminé. J’ai peu de temps pour faire connaissance avec cet appartement-musée où chaque pièce propose des arrêts culturels étonnants. Je passe du Japon à la Chine, du Vietnam à Bali, de Bangkok à Vientiane. Tant de réalités fantasmées par ces voyageurs d’expositions. Tant de parcelles de vies de ces explorateurs par procuration, façonnées par le regard aiguisé d’antiquaires spécialisés. Univers auquel j’ai participé modestement sans le savoir avec mes tirages photographiques.

Mais la visite ne fait que commencer. Avant de découvrir une séries de bonzes, de bronzes et de terres cuites, de kimonos miniatures ou d’estampes japonaises je me retrouve dans l’entrée. Cette fameuse entrée. Celle que je devais transcender à l’époque par mes photographies. Celle qui avait besoin de ce quelque chose pour devenir L’ENTRÉE, comme ils me le répétaient sans cesse. “Pourquoi ne pas habiller ses quatre colonnes de quatre tirages ?” avais-je lancé un jour. Tout de suite ils avaient adhéré à cette idée saugrenue qui trottait dans mon esprit depuis bien longtemps, mais que je ne pouvais pas mettre en place n’ayant pas de colonnes sous la main.

Habillage des colonnes de l'entrée, coté mer

Habillage des colonnes : coté intercostale

Quatre tirages de plus de deux mètres de haut chacun, tout en longueur, représentant des scènes de la vie paysanne chinoise entre bateaux-bambous, culture de riz et paysages en pains de sucre. Je me rappelle encore ce temps passé à construire l’histoire de cette “entrée” sans déroger à l’idée qu’ils s’en faisaient, tout en essayant de leur proposer quelque chose de nouveau. Aujourd’hui je tourne sur moi-même avec plaisir en regardant ces quatre photographies qui se répondent avec évidence. Je suis heureux. Plus que satisfait. Je profite de cet instant qui n’appartient qu’à moi. Sur 360°. Ces moments-là sont si rares, et quand ils existent, il sont si courts.

Masque chinois devant une des photos exposées dans la chambre d'amis

Dessin d'une série de masques asiatiques

La visite continue. Je m’arrête dans la chambre principale, monumentale. Un véritable temple du sommeil gardé par deux empereurs habillés en estampes. Un claustra majestueux la sépare d’une salle de bain digne des gardiens du domaine. Je reste coi devant ce spectacle qui me renvoie à quelques siècles de là, dans cette idée que je peux me faire du pays du soleil levant.

Décoration intérieure - Sculpture-lampe-objet en forme de bougeoir.

Décoration de l'appartement. Gros plan sur une série de sculptures de Bouddha.

En quittant la chambre, je prends un ticket pour un ailleurs différent. Je croise des scènes de rues dans une chambre d’amis. Des scènes de rues d’une autre Asie où j’avais suivi des personnages dans des ruelles sombres, où j’avais épié des ombres de vies dans des parcs vidés de toute respiration. Des scènes qui se trouvent aujourd’hui encadrées dans cette chambre où des amis de mon guide viennent se changer les idées à la lumière d’univers construits de toutes pièces.

Puis je sors de cet appartement, de cet immeuble, de cet air conditionné. De cet air d’Asie conditionné pour rêver. Je retourne dans la ville. Ma tête est pourtant restée là-bas dans cette mise en scène où il fait bon vivre l’aventure depuis chez soi. Je ne vois rien de la rue. Je ne vois rien de ce Miami qui s’étend à perte de routes. Où je ne peux pas me balader à pied. Où je ne sais pas encore où promener mon appareil photographique pour grappiller la température élevée de la culture locale. Je n’en ai d’ailleurs pas envie. Le soleil est plein phares allumé. Mes yeux se brident de désirs de retourner là-haut.

Je découvre dans ma main droite la canette de coca light que la maîtresse de maison m’avait servie en guise de bienvenue. Je la bois en me retournant une dernière fois vers cet immeuble plus coloré que laid. Ou l’inverse, je ne sais plus. Je suis trop ébloui par cette lumière aveuglante.

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1/2 : Sur les hauteurs de Golden beach…

Alors que je suis de passage à Miami pour quelques jours, je me retrouve propulsé dans un appartement chic & stylé situé dans l’un des beaux quartiers du Miami résidentiel. C’est un de ces matins à la peau moite et au soleil brûlant qui se déroule sous mes pieds sans que j’en sois réellement le maître. Où le décalage horaire joue bien son rôle de mélangeur d’idées. Une journée pareille à toutes les autres 24 heures qui se ressemblent tellement dans ce pays où l’été dure toute l’année.

Je m’élève donc au trentième étage et encore plus d’une tour moins colorée qu’affreuse, et pourtant déjà bien colorée. Un de ces buildings qui ont poussé à ne plus savoir qu’en faire depuis la crise immobilière américaine. Une de ces constructions dysharmonieuses de bord de mer qui font de l’ombre à la plage mais qui, m’a-t-on dit, abritent des appartements exceptionnels.

Une des tours de Golden beach

L’ascenseur s’arrête. La porte s’ouvre sur un sourire accueillant. Je me retrouve sur le palier et l’on m’explique qu’il EST déjà l’appartement. Une odeur de vanille investit mes narines avec malice. La maîtresse de maison pousse la porte d’entrée, accompagnant son geste d’un plaisir sans pareil. Je la sens prête à me faire faire le tour du propriétaire avec ce désir affiché de partager avec passion SON œuvre, SA réalisation. Je découvre tout d’abord à chaque extrémité d’une série de pièces principales, deux grandes baies vitrées qui accueillent avec générosité une lumière transversale. Lumière qui transperce cet appartement de bout en bout et lui donne cet éclat particulier qui fait que même habillé de foncé, il reste lumineux. D’un côté se développe un bord de mer à perte de liberté. De l’autre se dévoile l’intercostale d’une manière plus féminine. Ce bras de mer laisse apparaître de petites maisons qui forment un autre patchwork de ce Miami fantasmé. Plus pittoresque sûrement. Me voilà pris d’un vertige devant ce double visage du sud-est américain. Est-ce cet “en haut” qui dit vrai ou cet “en bas” qui l’est plus ? Deux espaces socialement opposés, dialoguant tantôt en espagnol, plutôt en américain et formant deux profils possibles de l’Amérique actuelle…

La vue depuis là-haut

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Ecoute privée des poémophones créés par noartetblanc

noart&blanc

Invitation - Samedi 2 octobre 2010 à partir de 16h - confirmation obligatoire

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Texte mis en bouche

Si la disparition d’Arlette m’a bousculé. Si j’ai écrit un texte sur elle dès la nuit de cette triste nouvelle. Si je l’ai tout de suite donné au marché de la poésie pour qu’il soit édité sur leur site. Si je l’ai posté sur mon blog. Cela ne suffisait pas encore. J’ai enregistré ce texte que j’ai placé sur les images de la soirée d’inauguration du 28e marché de la poésie, cette soirée à laquelle j’ai participé grâce à Arlette et qui m’a permis de réaliser tant de choses qu’elle ne verra jamais. Alors ce montage devient une première conclusion de ce projet en marche.

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2/2 : …4h30 qui ont pris 3 mois

Autoportrait devant l'un de mes dessins décorant le stand. Il appartient à la série de ceux qui illustrent mon recueil de poésie (éd. Jean-Michel Place)

…16 juin 2010 :
15h. Me voilà physiquement sur le marché de la poésie. Je n’ai pas encore pris en main mon cutter alors que Noart a déjà bien avancé le montage du stand. Une heure s’est déjà écoulée. Je pars coller des affichettes sur les murs des cabanes pour annoncer notre installation. Je tapisse toute la place Saint-Sulpice de notre présence. Je reviens sur le stand. Il est terminé. Il est superbe !

19h30 est déjà là. Notre chez nous est sur pieds pour 4h30 en continu. Un sprint sans pause jusqu’à minuit. Ma voix n’est pas revenue. Les gens quant à eux arrivent sans relâche. Ils scrutent le stand, jouent avec les téléphones, écoutent les interprétations, se procurent le recueil, découvrent le tirage de tête, regardent les photographies. La soirée tourbillonne.

Je veux échanger avec un copain, il est déjà parti. J’essaye de présenter une amie à Noart. Elle attend 45 minutes sans que j’y parvienne. La soirée est déjà finie.

Installation du stand par Noart (manufacteur d'art) qui a réalisé les poémophones.

Elia Blanc (mon fils) écoutant des poèmes intégrés dans l'un des deux poémophones muraux. Il fait partie des comédiens qui ont enregistré les textes.

Différents visiteurs sur le stand Noart&blanc.

Les gens ont profité sans relâche de notre installation. Ils ont disparu si vite que je n’ai pas vraiment eu le temps de me rendre compte de leur présence. Huit tirages de tête sur dix sont partis avec eux. Nos petits badges noart&blanc découvrent leur nouvelle vie sur les vêtements de nos visiteurs. Nous sommes heureux. On remballe. La soirée a été courte et longue à la fois. Toujours avec cette même légèreté. Celle qui ne nous a jamais quittés tout au long de la construction de ce projet. Belle réussite d’équipe.

Un téléphone finit à la réparation. Le son s’est fait la malle comme ma voix. L’on est déjà demain. Noart est parti avec mon cutter. Je n’ai vraiment pas pu m’en servir.

17 juin. Une personne me remercie d’avoir écrit ce que j’ai écrit. Je ne sais pas vraiment pourquoi. Je l’ai juste écrit. Je ne sais plus non plus comment. Une femme me dit qu’elle a lu à haute voix mes textes à son mari. Que ce dernier lui a demandé d’en relire plusieurs passages. Cette anecdote m’a beaucoup touché. L’idée d’interpeller avec mes écrits m’a ému. Puis je me suis écroulé de fatigue. Une larme à l’œil.

Le poète Tristan Felix écoutant les poèmes intégrés dans le poémophone mural.

21 juin. On est lundi soir. Je commence à être reposé. Je reste dans l’euphorie de mercredi dernier. La vie a repris son cours. J’apprends qu’un camarade de Noart a acheté l’un des téléphones exposés. Les voix de mes textes partent à leur tour. J’ai envie de travailler sur un nouveau recueil de poèmes pour l’an prochain.

En fait j’ai déjà commencé. Mon cahier du soir n’attend plus qu’une chose. Que je continue à le noircir de mon texte quotidien. Il faut juste que j’avance. Ce projet futur aura lieu ou pas. Je verrai plus tard. Pour l’instant, l’important est de me rendre régulièrement à  mon rendez-vous d’écriture.

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1/2 : Le jour J de la poémophonie…

Affichette "Noart&blanc" pour l'ouverture du 28e marché de la poésie

15 juin 2010 :
Demain Place Saint-Sulpice, deux stands à ciel ouvert pour n’en former qu’un. Merci Arlette.

Il va faire beau, les gens viendront. Il va pleuvoir, c’est l’échec assuré. Je n’ai plus de voix. Je l’ai perdue hier dans un trop peu de sommeil. Dans un trop plein d’excitations. Les jours deviennent de plus en plus longs. L’été arrive. Les jours deviennent de plus en plus lourds. Mes paupières aussi.

Le grand jour se rapproche et ma voix s’est éloignée. Je parlerai tout bas pour ceux qui voudront écouter. Il n’auront qu’à venir plus près. Si ce n’est pas de moi, ce sera plus près des poémophones réalisés par Noart, où une quarantaine de mes textes, interprétés librement par des comédiens, est intégrée. Ma femme et mon fils sont deux de ces comédiens. Belle expérience. Ces textes sont les mêmes que ceux présents dans mon premier recueil de poésie : « Des mots mis en baraques à sons ». Mon deuxième livre édité par Jean-Michel Place après « Téléphérique pour l’enfance » (ouvrage photographique).

Petit poémophone (1950) comprenant la globalité des poèmes du recueil "Des mots mis en baraques à sons"

J’ai du mal à me concentrer depuis plusieurs jours sur autre chose que le projet noart&blanc. Je me retrouve sans cesse en train de le peaufiner. Ma tête est prise dans un tourbillon d’oublis possibles, dans tout ce que je n’aurai pas le temps de finaliser. Tout ce que je repousserai à plus tard. Donc à jamais…

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Hommage à Arlette Albert-Birot qui m’a permis de…

…Arlette qui m’a permis de devenir un être en devenir dans ce monde de la poésie.

Lors de son dernier dîner à la maison nous nous sommes mis à nous tutoyer. Ce tutoiement a continué le temps de deux ou trois coups de téléphone. Puis la ligne s’est interrompue brusquement. Elle avait plus de 80 ans. Seul le tutoiement est resté. Avec tout le reste.

La passeuse
Tante A. qui avait tant à
donner en toute occasion.
Tante A. de qui j’avais tant
à recevoir m’a laissé le prendre
sans que je puisse le lui raconter.
Tante A. m’a dit au revoir au milieu
du guet et j’ai ramé en regardant
la rive s’éloigner petit à
petit. Elle savait déjà. Tante A.
m’a écouté m’agiter, me
démener, imaginer, réaliser.
Poétiser, photographier.
Elle a encore souri au
téléphone en écoutant mes
mots imagés, et n’a rien laissé
transparaître. Ce soir j’écoute
dans cette solitude muette
d’orphelin de ce 2 juillet 2010,
Chet Baker me caresser de sa
douceur réconfortante en me
laissant rouler pleins phares
dans la nuit de ce quartier de
lune, après qu’une force positive
est venue me pénétrer de toute
sa puissance. A la manière
de ma grand-mère Friquette,
qui m’avait joué cette même
partition de donneuse de vie
qui va toujours de l’avant, tante
A. m’a offert cette route que je
dois perpétuer de son regard.
Comme nous tous qui
avons cru en chacune de
ses tentatives toujours réussies,
dans son parler vrai aux
énergies lumineuses. Notre
Arlette immortelle aux encore
bonnes idées pour les autres,
ses neveux d’adoption choisis.
Un jour de marché sous la pluie,
elle seule a vu le soleil briller et
nous l’a raconté.

Pour lire d’autres hommages sur Arlette Albert-Birot

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2/2 : Avez-vous vu mes images sur voz’images

…Ce mail de voz’images. J’y reviens. Ce mail qui se voulait musical en m’invitant à découvrir une sélection de photographies liées à la thématique de la journée. Appâté par une ancienne photographie de Johnny Hallyday à son époque yéyé, j’ai voulu en savoir plus sur la photo de ce chanteur à qui j’ai tiré le portrait à plusieurs reprises. Portraits intimistes que j’avais cadrés loin de la foule incontrôlable et des concerts-spectacles. Bien loin de l’univers de cette photo que je découvrais sur le site.

J’ai cliqué. Me voilà alors propulsé sur internet. Sur le site de voz’images. Différentes photos défilèrent sans me laisser le temps de souffler. Différents photographes, différents chanteurs, différents interprètes. Noir & blanc, couleur. Connus, peu ou pas connus, très connus, inconnus (de moi et peut-être aussi de vous).

Puis je me suis retrouvé devant une photo qui m’était familière. Que j’avais déjà vue quelque part. Mais où ? Henri Salvador sur scène, un verre à la main. J’ai regardé le nom du photographe. Il s’appelait… Fred Blanc. Mais c’est moi !

Henri Salvador

Henri Salvador sur la scène du Festival des Vieilles Charrues - 2001

J’étais face à mon image. Face à un moi-même sans l’avoir voulu. Sans l’avoir même imaginé. Étrange sensation. Puis j’ai découvert un autre cliché que j’avais réalisé au Festival des Vielles Charrues à Carhaix, en Bretagne. Une photo de Maceo Parker. Et deux autres d’Henri Salvador. Puis une dernière de Ray Charles réalisée lors d’une soirée de charité dans un salon de réception à Neuilly. Ces portraits mélangés à ceux d’autres grands interprètes de Jazz. Souvent disparus. A qui je ne pourrai jamais tirer le portrait.

Musicien

Maceo Parker sur la scène du Festival des Vieilles Charrues - 2001

Ray Charles lors d'une soirée de charité - Neuilly France

Je souris doucement en repassant cette scène où je me fais prendre par surprise par mes propres images. Utilisées par d’autres. Mises en scène autrement. Motivées par des objectifs différents des miens.

Henri Salvador sur la scène du Festival des Vieilles Charrues - 2001

J’ai fermé le site. J’ai rêvassé quelques instants embarqué dans une musique plus photographique que sonore.

Je n’irai pas à la fête de la musique cette année faire des photos de nuit. Faire du flou. J’irai coucher mes enfants sur ce fond de bouts de concerts improvisés. Dans ce tout là bas qui s’efface en même temps que ma fille lutte contre le sommeil. Puis j’irai me poser à nouveau à ma table de travail. Là-haut. Dans cette pièce suspendue. Réservée à mes vagabondages mentaux. Avant d’écrire mon poème quotidien, avant de l’illustrer d’un bout de dessin fait de deux ou trois traits. Avant que je ne m’endorme, ma tâche quotidienne accomplie.

Pour découvrir d’autres photographies, bienvenue sur voz’images/photos de Frèd Blanc

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1/2 : Voz’images fête la musique

Il y a quelques soirs de là, alors que la fête de la musique battait son plein, je me suis retrouvé devant mon mac. Dans un silence vibrant de musiques lointaines. Jetant les spams de ma boîte mail. Me désinscrivant de ces lettres d’informations auxquelles je ne me suis jamais abonné.

Dans l’action je me suis arrêté devant un mail de voz’images, reçu l’après-midi même, qui m’a interpellé. J’ai cliqué. Pour voir. Ou revoir ce que je connaissais déjà. Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas baladé sur ce site qui m’était familier il y a encore peu. J’y ai posté tant d’images il y a un an. 3 par jour. Régulièrement. Pas un week-end, pas un jour de vacances sans préparer mes trois images. Méthodiquement, en les éditant, les tirant, les légendant. En y apportant un maximum de données. Pour leur offrir la chance d’être découvertes par un curieux, repérées par un collectionneur. Un vrai travail de fourmi.

Puis du jour au lendemain j’ai tout arrêté. Je suis passé à autre chose. Mes photos étaient sur cette plate-forme. Cette banque d’images comme disent les professionnels de la communication. Photos anciennes ou récentes. Un peu de tout. Ces images devenaient accessibles à toute personne intéressée par la photographie. Elles n’avaient plus besoin de moi. Je les ai laissées vivre leur vie en m’éclipsant…

Pour découvrir des photographies, bienvenue sur voz’images/photos de Frèd Blanc

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« Suiveur de troupeau » : Un poème en avant première

EN EXCLUSIVITÉ – Quelques heures avant l’ouverture du 28e marché de la poésie.

Je vous offre la primeur de la lecture d’un des poèmes inédits du recueil :
« Des mots mis en baraques à sons » qui verra le jour au marché de la poésie.

SUIVEUR DE TROUPEAU
Des mots
déconnectés
de leur sens
s’uppercutent
dans une tête
toute retournée.
Des sons détournés
de leur usage
s’accrochent à
des actions
inconnues et
leur offrent une
deuxième vie.
Un homme
recourbé sur
lui-même perd
pied dans cet
inconnu
colorisé et
roule vers son
ailleurs bien
loin de cet
ici perdu.
Dans ce
nouvel
univers
remasterisé
façon
mouton à
la chaîne,
les cinq pattes
s’en cassent
une pour
entrer dans le
rang et devenir
un héros
comme tout
le monde.

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Poésie, une installation sonore

« Chaque poète doit se rapprocher d’un artiste pour étonner son auditoire ». Voici le mot d’ordre des organisateurs de la soirée d’ouverture du 28e marché de la poésie. Étonner.

Il faut que j’apporte quelque chose de différent pour mettre en scène mes textes poétiques. Si je m’associe avec un graphiste, un photographe ou un illustrateur, j’aurais la sensation d’être dans mon quotidien, celui de  l’agence edo. Il faudrait que je puisse collaborer avec un créateur maniant un médium qui m’est étranger.

En regardant les différentes lampes de Noart à la maison, cela m’apparaît comme une évidence. C’est avec lui qu’il faut que je construise ce projet. Je suis certain que cette démarche l’intéressera. Il a déjà travaillé en binôme. Avec Mesnager par exemple. Proche de créatifs comme Speedy Grafito ou Mistic, son univers est différent du mien.

Je l’appelle, je lui raconte. Il rigole, ça l’amuse. « Et pourquoi ne pas mettre tes poèmes dans des téléphones« , me rétorque-t-il. Lors d’un dîner nous baptisons le projet noart&blanc.

L’aventure a démarré. Une sélection de mes textes par Astrid, des dessins, un picto, un logo, des photos, un recueil de poèmes, un mini film, des enregistrements, des comédiens, des téléphones sonores, une installation et plein d’autres petites choses qui viennent se greffer. Que l’on met en œuvre ou non. Il y a une véritable dynamique créative qui s’instaure dans notre relation. Les idées fusent et l’on rêve déjà ensemble à d’autres projets communs…

Rendez-vous le 16 juin 2010 de 19h30 à minuit Place Saint-Sulpice. Stand F13-F14

Pour plus d’informations sur Noart : http://noart.org/

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Poètes en cabanes, poètes en baraques…

Il y a quelques mois la présidente du marché de la poésie (Arlette) raconte à ma femme (Astrid) son projet de mettre 100 poètes dans les 100 cabanes du marché. L’idée est d’offrir à ces 100 poètes un lieu d’expression public. Belle idée pour l’ouverture de la 28e édition du marché de la poésie.

Arlette demande à Astrid des noms de poètes pour étoffer sa pré-sélection. Elle en lance quelques-uns, avec facilité pour cette spécialiste de la poésie contemporaine. Elle évoque même ce poète qui fait partie de son entourage proche, un certain Frèd Blanc. Arlette lui répond du tac au tac, « j’y avais pensé et je voulais lui proposer« .

Je passe la pré-sélection sans m’en rendre compte. Me voilà embarqué dans une nouvelle aventure. Sans bien comprendre ni comment ni pourquoi. Arlette, pilier du monde de la poésie avec 28 ans d’organisation de ce marché est partout.  Elle connaît déjà mon travail, l’ayant sélectionné à plusieurs reprises pour la revue Le Frisson esthétique.

Me voilà projeté d’un coup dans une autre histoire. Celle de présenter mes textes à un public. Ces textes que je fais dans mon coin. Ma première réaction est une inquiétude. Qu’est-ce que je vais pouvoir raconter à ces personnes qui vont m’interroger. Je n’ai rien à dire. D’ailleurs une fois que je les ai écrits, je les oublie. Il font partie de mon cahier de textes que je n’ouvre quasiment plus jamais après. Je les date, c’est tout.

J’écris un texte par soir, c’est comme ça. Comme d’autres regardent la télévision ou jouent aux cartes. C’est un rituel. Il dure depuis des années. Sur la page de droite, 1 texte, collé à la pliure intérieure, comme une longue bande qui se laisse descendre.  Une fois arrivé en bas de la page, je dois m’arrêter. Et si je n’y arrive pas, je continue en tournant autour de celle-ci. Un texte serpent qui longe le bord du papier. Sur la page de gauche, 1 dessin. Il a un lien avec le texte d’en face, ou pas. Des têtes, des corps, des expressions, des mots redessinés, du vide, du rien et des autres. Toujours pareils dans leurs différences. Toujours différents dans leurs similitudes.

Mais que dire si l’on m’interroge. Je n’en sais toujours rien. Répéter tout simplement ce que je viens d’exposer ci-dessus. Ou inventer autre chose. Les textes quant à eux, il suffira de les lire. Ou d’ouvrir grand ses oreilles.

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Jean Vuarnet – Sculpture hommage

En 2005 Avoriaz allait bientôt avoir 40 ans. J’avais rêvé des projets comme une sculpture de Jean Vuarnet. C’était d’ailleurs en discutant avec l’un de ses fils,  Alain, que l’idée avait germé. Réaliser un hommage au créateur de la station. Mais rien n’avait vu le jour à l’époque. Ce n’était sans doute pas le moment. Les premières esquisses sont restées dans des cartons pendant plus de deux ans.

Un jour le téléphone sonna. Alain m’informa que le nouveau maire de Morzine était intéressé par ce projet de sculpture monumentale. Ce n’était alors plus pour Avoriaz mais pour Morzine. Ce n’était plus non plus pour les 40 ans d’Avoriaz mais pour les 50 ans  de la victoire olympique de Jean Vuarnet à Squaw Valley en 1960.

Je regroupais mon équipe et nous nous mettions au travail.

Un an plus tard, sur la base de mon dessin, avec la collaboration du designer des débuts René Bouchara et d’un sculpteur, Gilles Chabrier, la sculpture vit le jour. Près de 4,5 mètres de haut. Du verre, de l’aluminium et de l’inox. La traduction futuriste du dessin séduisit tout de suite Jean. Une fois de plus le champion olympique avait son regard tourné vers l’avenir. Si Jean était motivé, le maire était heureux et le projet partit tout shuss.

En juin 2009, en prenant la maquette de la statue dans ses mains, Jean ne put s’empêcher de dire « je la vois bien sur la place« .  Le 22 février 2010, le jour de sa victoire, à l’heure de sa victoire, la statue fut inaugurée au cours d’une reconstitution de l’arrivée de la course de descente de Squaw Valley. Le jour où Jean inventa la position de l’œuf. C’est son fils Alain qui prit sa place pour passer la ligne d’arrivée dans cette reconstitution offerte au public local.

Quant à elle, la sculpture dressée sur la place n’attendait plus que d’être dévoilée au public venu nombreux pour vibrer aux côtés de Jean Jean, comme on l’appelait à l’époque.

Le rêve était devenu réalité. Et il mesurait plus de quatre mètres de haut.

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3/3 : Téléphérique pour l’enfance – Jean Vuarnet

Photo de la victoire de Jean Vuarnet aux JO de Squaw Valley en 1960 - Médaille d'or

Photo de la victoire de Jean Vuarnet aux JO de Squaw Valley en 1960 – Médaille d’or

…Puis un jour j’ai eu rendez-vous avec Jean Vuarnet. Cet homme qui m’impressionnait tant quand j’étais petit. Jean Vuarnet avec sa grosse voix, sa pipe, sa barbe et son chapeau de cow-boy.

Me voilà dans le train vers Morzine. Je suis seul. C’est un vendredi soir. Tout devrait-être calme et pourtant une inquiétude monte en moi. D’où vient-elle ?

Je vais faire le portrait de ce champion de ski qui a inventé la position de l’œuf. Cette position que l’on a tous essayée pour aller vite. Tout shuss en se prenant pour un champion. Je vais faire le portrait du père de mon ami qui n’est plus, qui est parti, ailleurs, avec sa mère. Je vais faire le portrait d’un personnage, d’un homme connu, qui m’impressionne toujours. C’est pour cela qu’une inquiétude m’a envahi, ce soir-là, dans le train. Et qu’elle m’a difficilement lâché ensuite.

Le lendemain matin, après m’être perdu, je me retrouve devant la porte de son chalet. Mon état n’a toujours pas changé. Je sonne. Le temps est long. Une silhouette s’approche lentement. Il ouvre la petite porte du jardin.  Je me présente. « Je suis le fils Blanc, me reconnaissez-vous ?« . Jean me répond que « non« , que « j’ai bien changé« . Moi je le reconnais. Il est resté le même avec son regard profond. Le même que la fois où j’avais skié avec lui et sa femme Edith. Le même que la fois où j’avais dîné dans son chalet peu avant le festival d’Avoriaz. Le même que celui de mes souvenirs d’il y a 10 ans. D’il y a 20 ans. D’il y a 30 ans.

Il m’accueille dans son bureau. Je lui raconte que je voulais l’immortaliser avec la photo qui ornait l’entrée du téléphérique quand j’étais petit. Que je l’ai cherchée pendant 6 mois. Brûlée en même temps que l’ancienne gare du téléphérique pour certains. Pour d’autres, récupérée par son propriétaire qui a perdu la tête depuis. Personne ne savait vraiment où elle était. Même son fils ne s’en souvenait pas. Il me regarde avec son sourire coquin. Monte dans le grenier de son bureau et redescend avec. Je peux enfin faire la photographie que j’imaginais. Le Jean Vuarnet de mon enfance aux côtés du Jean Vuarnet d’aujourd’hui. Ce Jean, une petite liste à la main où il a répertorié ses différentes victoires. J’ai shooté. L’image était maintenant dans la boîte.

Puis le temps s’est arrêté. Nous avons discuté plus de deux heures. Je lui ai dit aussi que je voulais d’une manière ou d’une autre rendre hommage à son fils. A mon ami Patrick. Il m’a écouté. A accepté sans plus de mots qu’il n’en faut. Comme toujours avec lui.

Tout au long de cette matinée il s’est laissé faire. Il s’est donné et j’ai pris. Puis je me suis éclipsé. J’étais tellement heureux de cette rencontre simple avec cet homme complexe.

Le soir j’ai dormi à nouveau dans le train. Je voulais absolument être présent pour l’anniversaire de ma femme qui avait lieu le lendemain. Je n’allais rater cela pour rien au monde.

Portrait de Jean Vuarnet au coté de sa photo qui ornait jadis l'entrée du téléphérique

Portrait de Jean Vuarnet au coté de sa photo qui ornait jadis l’entrée du téléphérique

Jean Vuarnet avec sa femme Edith sur le domaine skiable des portes du soleil

Jean Vuarnet et sa femme Edith sur le domaine skiable des « Portes du Soleil »

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2/3 : Téléphérique pour l’enfance – photographier l’inphotographiable

Les câbles du téléphérique d'Avoriaz s'enfoncent dans le brouillard en direction des Prodains.

Les câbles du téléphérique s’enfoncent dans le brouillard en direction des Prodains.

.. J’ai décidé alors de plonger dans mon enfance. Celle de mes vacances d’hiver. Celle que j’avais vécu là-haut. Il y a si longtemps. Dont les souvenirs sont restés toujours aussi frais.

J’ai commencé à chavirer dans un trop plein d’informations devant tant d’images, de formes et de mots revenus lentement à la surface. Comment arriverais-je à les raconter sur la pellicule ? Comment représenter le froid en photo ? Comment raconter l’excitation de l’enfant que j’étais ? Comment illustrer l’attente de ces vacances d’hiver ? Comment, comment et encore comment ?

Comment arriverais-je à rendre photogéniques ces bribes d’hier qui ne l’étaient pas ? C’est là que la véritable aventure a démarré.

J’ai inauguré un petit cahier vert qui m’a suivi jusqu’à la fin du projet. J’ai tout noté à l’intérieur : contacts, souvenirs, rencontres et même ce que j’avais oublié. Tous ces petits riens qui ont fait mon enfance, qui ont fait que ce là-bas est chez moi pour toujours. Qui ont fait qu’un livre sur Avoriaz était en marche.

Petit à petit le projet s’est construit. Pendant deux saisons je suis monté à Avoriaz toutes les trois semaines. Et je rentrais à Paris avec 20 à 30 rouleaux de photos. En développant les films, j’ai vu rapidement que des images se répétaient. « Encore des télésièges » disait ma documentaliste à ma femme en rigolant. C’était vrai, mais les télésièges sont photogéniques. J’oubliais en revanche les ambiances de rues, thématique que j’affectionne tout particulièrement d’habitude. Images qui ne se présentaient pas à moi dans les rues enneigées de la station. Ou plutôt que je ne voyais pas.

J’avais aussi envie de me confronter à deux styles photographiques que je ne connaissais pas bien : le paysage et l’architecture. Ces immeubles que j’avais essayé de photographier à l’époque de l’école (ESAG) et qui étaient restés une énigme depuis. Et cette nature qui semblait évidente quand je la regardais et imprenable une fois l’appareil prêt à cadrer. Puis à force d’images refaites et refaites avec générosité, j’ai effleuré des solutions.

Photographier le gigantisme de la montagne. Cette forme d’infini qui s’efface dans le blanc sans jamais s’arrêter.

Photographier l’un des rêves humains : celui d’apprivoiser cette montagne, parfois révoltée, parfois adoucie. De la dompter grâce à ces immeubles dressés contre vents et tempêtes de neiges.

L’excitation me guidait. Je découvrais tant de choses. Je rencontrais bien des personnes qui m’aidaient à recomposer cette histoire particulière.

En plus de photographier, je me suis mis à écrire puis à dessiner. De nouvelles idées venaient compléter ce tableau d’enfance.

Et à chaque retour sur Paris, il me semblait qu’il me manquait encore des images. Qu’il fallait y retourner à tout prix car j’avais oublié là-haut l’essentiel. Un télésiège peut-être…

Contre plongée de deux télésièges qui se croisent

Contre plongée de deux télésièges qui se croisent

Vue de la station depuis une piste recouverte de poudreuse

Vue de la station depuis une piste recouverte de poudreuse

Vue d'un immeuble depuis une fenêtre hublot, marque de l'architecture locale

Vue d’un immeuble depuis une fenêtre hublot, marque de l’architecture locale

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1/3 : Téléphérique pour l’enfance – un ouvrage photographique

Téléphérique pour l’enfance – Couverture de l’ouvrage

Janvier 2005, je sors d’un lourd travail pour la Française des Jeux : le dossier de presse de son équipe de vélo. J’ai repoussé mes vacances de Noël pour terminer. Je pars enfin à la montagne. Me voilà à Avoriaz. Cet endroit mythique où j’ai passé mon enfance. Je fais le voyage seul avec mon fils. Il est petit, il a trois ans. Nous arrivons dans notre appartement. Je suis seul avec lui. Ma femme nous rejoindra le lendemain.

En le regardant vivre je me revois trente-huit ans en arrière. Moi petit, entre les jambes de mon père. Moi petit, regardant mon père lire un gros livre. Moi petit, voyant mon père sortir de la salle de bain après le ski. C’était mon père le père, et moi l’enfant. Une génération a glissé. Je suis devenu le père. Et mon fils est apparu. Et je me vois en lui.

Chaque année je retourne dans cet endroit magique où j’ai fait, j’ai découvert, j’ai compris. Et je le raconte en boucle à ceux qui veulent bien l’entendre. A ceux qui n’ont pas le choix : « le rocher que j’ai sauté avec untel« , « le hors-piste où l’on aurait pu se tuer avec un autre« . Et bien d’autres anecdotes qui n’intéressent que ceux qui y étaient. Dont la plupart est partie depuis. En revanche les montagnes n’ont pas bougé et les immeubles sont restés inchangés.

J’ai pris la place de mon père sur le grand canapé bleu et mon fils a pris la mienne sur la moquette moutarde. Une génération est passée.

Alors pourquoi ne pas raconter cette génération d’amoureux de cette montagne-là. Pourquoi ne pas crier ces émotions, ces sensations, ce bonheur procuré par ces années d’enfance. Bonheur qui n’appartient pas qu’à moi mais à tous les avoriaziens de cœur.

Avoriaz qui allait avoir quarante ans, comme moi. Avoriaz qui méritait bien d’être racontée de l’intérieur.

Ce ressenti fut donc le démarrage d’une belle aventure. La création d’un  ouvrage. D’un livre photographique où l’adulte que je suis devenu a tenté de retrouver ses sensations d’enfant.

Téléphérique pour l’enfance. Ce téléphérique que j’ai essayé de prendre à nouveau pour retourner dans cette enfance qui continue à m’habiter…

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Past Present Futur

Past Present Futur

Deux voyantes dans leur vitrine - New York août 1991

Pour démarrer, j’avais envie de vous faire partager cette photographie. Je me retrouve dans « Le Village » quartier branché de New York. On est en août 1991. Je vis déjà depuis plusieurs années avec mon appareil photographique en bandoulière. Ça a commencé à Penninghen (ESAG) et ça continue toujours aujourd’hui. Je suis passé d’un Nikon à un Leica, puis je suis passé de l’argentique au numérique. Maintenant c’est un Canon qui m’accompagne partout où je me trouve.

Comme je le disais déjà à l’époque, mon appareil photographique est la continuation de mon œil et de mon bras en même temps. Il me permet d’attraper ce que je vois, de le mémoriser, de m’en souvenir. Et aujourd’hui de le partager.

C’est le matin. On sort avec un copain d’école du studio d’un ami chez qui nous vivions pour les vacances.  On traverse « Le Village » à pied car à pied l’on voit toujours plus de choses. J’ai les yeux grands ouverts à l’affut d’une de mes prises de notes quotidiennes. Je tourne ma tête légèrement sur la gauche et je vois cette vitrine énorme où deux femmes s’exposent. Un grand néon hurle la vie de ces deux voyantes qui attendent le client.  Ces deux femmes se sont posées là, sans bouger. Elles sont le décor de leur vitrine. J’arme. L’une me fixe d’un regard profond, une cigarette à la bouche, l’autre se cache. C’est elle qui fait la photo, qui donne du sens à ma composition. « Special 2 dollar » ne fait que renforcer cette impression forte. Celle de la recherche d’une « bonne nouvelle » à bas prix. Je déclenche. Je suis déjà ailleurs. J’oublie cette photo. De retour à Paris, je la développe. Elle se détache sur la planche contact. Je la tire. Elle me suit maintenant depuis bientôt vingt ans et je la redécouvre sans cesse. Bonne ou mauvaise, je n’en sais rien. Mais elle continue à me parler.

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Exposer c’est s’exposer

Parce que depuis des années mon entourage ne cesse de me demander de voir mes travaux en cours, mes projets, mes réalisations, j’ai décidé de prendre la parole par le biais de ce medium à chaque fois que j’aurais quelque chose d’intéressant à présenter. Une photographie, un poème, un  dessin, un logotype, une mise en page, un livre… une action créative. Et pourquoi pas aussi un mot d’humeur, une interrogation ou un doute.

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