Un carnet de 320 pages, dix carnets, vingt puis plus…
Cet été ce fut le vingt-troisième carnet de 160 feuillets que je démarrais. À la veille des vacances, j’ai pris conscience que ce petit jeu quotidien avait fait des petits, beaucoup de petits, lentement et en silence, sans m’en informer vraiment. Vingt-deux carnets, dont vingt Zap book, se sont accumulés au long cours sous ma table de dessin, entre fixatif et colle en bombe. Un carnet supplémentaire tous les cinq mois.
Jamais deux carnets de la même couleur à la suite, sauf pour les deux premiers, de couleur marron. Ce n’était pas encore des Zap book.
Je les structure d’une manière uniforme, en utilisant une double page par jour. Sur la page de droite un texte poétique en une colonne, collée côté pliure, sur la page de gauche un dessin, au trait, au bic. Cette petite gymnastique quotidienne dure maintenant depuis dix ans, sans interruption, en tout cas je le crois.
Le premier carnet a démarré en 2005, le 11 janvier 2005. Qu’est ce que j’ai bien pu y déposer dans ces carnets, jour après jour, ces carnets que je n’ai pas relus depuis, sauf une ou deux fois, pour quelques textes que j’ai imaginé intégrer dans un projet ou qui en furent le centre ?
Une émotion forte, une association de sonorités, une obsession du moment, une rencontre étrange. Je tire le fil de ma sensation de l’instant et un texte se forme. Je le relis, je le dessine, petit exercice complémentaire à partir de la moitié du deuxième carnet, puis je passe à autre chose, jusqu’au lendemain.
Tant que je n’ai pas exécuté ce rituel, nocturne la plupart du temps, et qui clôture ma journée, je n’arrive pas à me glisser dans le sommeil. Il me manque quelque chose. Si je me fais rattraper par la fatigue et que je m’endors avant d’avoir produit mon texte illustré, j’en écris deux le lendemain. Si j’en rédige plusieurs un même jour, je ne me suis pas avancé pour autant. Ce serait trop facile et cela dérogerait à la règle créative que je me suis fixée, pleine de contraintes absurdes, pour aiguiser mon désir de produire.
Aujourd’hui c’est plus de 5 000 textes que j’ai déposés sur les pages blanc cassé de mes carnets successifs, à côté de leurs dessins, qui évoluent eux aussi au cours des années.
Et ce n’est pas fini, puisqu’il y a le texte de ce soir, celui de demain soir et ceux de tous les autres soirs.
Félicitations pour tes dessins superbes pour cette œuvre de longue durée . Amicalement JP
Bonjour. Le Projet en actes est passionnant. Mais j’aurais aimé découvrir au moins un poème.