Depuis février dernier beaucoup d’habitués m’ont demandé la date du prochain Sunday jazz loft. Ils ne voulaient sans doute pas rater le nouvel invité de Francesco ou les fromages du buffet, voire peut-être les deux. Et voilà que cette date, le 30 mai 2016, fait déjà partie de notre passé. Elle s’est transformée en un joli souvenir, confirmé par quelques messages que j’ai reçus, me remerciant de ce moment partagé, entre rituels et surprises que les nouveaux venus, car il y a toujours des nouveaux venus, ne connaissent pas encore, mais qu’ils apprennent vite à connaître et auxquels ils adhèrent encore plus rapidement.
C’était un dimanche pluvieux, ce qui n’a d’ailleurs pas empêché certains invités de discuter sur la terrasse, abrités sous un parapluie, pour fumer une cigarette ou pour se mettre à l’écart en attendant que démarrent les hostilités.
Seize heures, toute la préparation est bouclée, photos accrochées, buffet prêt à être dressé, programmes mis en place, pain coupé. La porte est ouverte et attend déjà les premiers arrivants qui viennent de plus en plus tôt pour choisir une bonne place ou ne rien rater de l’esprit Sunday jazz loft. Pourtant à cette heure-là, il ne se passe encore rien, ou presque.
Jean-Pierre Como, cheveux longs, avenant, doux et souriant, arrive à l’heure, le premier. Il découvre le piano sur lequel il jouera d’ici peu, y échauffe ses doigts puis prend son temps devant un café en attendant Francesco qui arrive aussi à l’heure, mais à la sienne, quelques dizaines de minutes plus tard. Tranquillement ils prennent leur place dans le lieu, se calent, échangent tantôt en français, le reste du temps en italien, tout en tapotant sur leurs instruments. Ils finissent leur répétition alors que les premiers invités se glissent lentement dans la pièce, que des nouveaux visages, des amis d’amis. Leur arrivée au compte-gouttes ne les dérange d’ailleurs aucunement.
Pour ma part, je suis déjà en tenue d’hôte, ce qui est exceptionnel. C’est la première fois que j’ai pu réaliser calmement quelques images de la répétition. Puis, comme à chaque fois, tout s’enchaîne. Le salon se remplit si vite que je me retrouve déjà à présenter le 12e Sunday jazz loft.
Cette fois-ci, avant de parler des musiciens, je présente mon projet sur le jazz : ”Et si le jazz est la vie“, projet qui a pris près de six ans pour voir le jour. C’est ce projet-ci qui est à l’origine des Sunday jazz loft. Alors que j’annonce qu’il est sélectionné aux Promenades photographiques de Vendôme du 24 juin au 18 septembre prochain, les gens écoutent, silencieux, interrogatifs. Incroyable : ils me poseront même des questions après ! Francesco qui a mis en musique les 12 pœms-poèmes est à côté de moi, il ne dit pas grand-chose, fait deux-trois blagues et me laisse charitablement parler alors que j’ai une quasi extinction de voix.
Le concert démarre. Les morceaux sont de Jean-Pierre Como. Francesco accompagne le pianiste avec douceur. Une grande émotion jaillit de leurs échanges. La musique est caressante. Une bonne partie des spectateurs écoute les yeux fermés, peut-être pour être d’autant mieux touchés par elle. Plus le concert avance et plus les sensations se démultiplient pour atteindre leur apothéose quand Jean-Pierre Como propose à l’un de ses amis, Thierry Elies, qui lui a fait la surprise de sa venue, de le rejoindre pour un quatre mains au piano. Nous sommes alors dans une totale folie musicale où les sons emplissent la pièce. Francesco reprend au sax, non à la clarinette, puis Victoria Rummler vient chanter et Thierry Elies revient tapoter les notes aux côtés de son ami.
Les applaudissements s’enchaînent pour ne plus s’arrêter. Le public est conquis. Francesco est heureux de cette belle aventure, le piano aussi ; il s’est offert en toute liberté à deux sublimes interprètes.
Le silence est revenu tout doucement. J’en ai profité pour lire mes deux poèmes inscrits sur le programme, tradition oblige. Le chapeau n’a pas fini son tour que les chaises ont déjà disparu et que les buffets n’attendent plus que les gourmands.
Dans un coin du salon, un convive passionné de vin, que dis-je : le fondateur de l’Académie des vins anciens en personne, qui était venu avec quelques bouteilles exceptionnelles, les a partagées avec les personnes autour de lui. J’ai eu la chance de goûter trois de ses vins hors du commun. Ce fut un très grand moment d’intimité avec mon verre. En fin de soirée, Thierry Elies s’est remis au piano pour accompagner une de nos chères habituées qui nous a régalés d’une interprétation de Genesis. Dans la semi-obscurité de cette fin de Sunday jazz loft, nous évoquions déjà le prochain.
Il aura lieu le 25 septembre. Camille Bertault chantera mes poèmes, accompagnée de Francesco Bearzatti au sax-clarinette, Federico Casagrande à la guitare et Thierry Eliez au piano, sur des projections de mes pœms-poèmes par Matthieu Desport, notre traditionnel video-man. Si tout se passe comme prévu naturellement…