…Une fois rentré à Paris, dès que le temps me l’a permis, j’ai regardé le résultat de mes photos sans vraiment comprendre pourquoi je suis je seul à m’intéresser à ce spectacle étourdissant, si visible pour celui qui lève parfois la tête au-dessus de la technologie à tout va. Sans réponse j’ai fini par mettre ce sujet de côté mais il continuait à m’obséder régulièrement. Et si je le ressortais de temps à autre, c’était sans savoir quoi en faire et rien ne bougeait. Je le montrais à des regards avertis qui me poussaient à à en tirer parti, mais une fois seul j’étais perdu.
C’est en le présentant à un collectionneur de photos qui s’intéresse depuis longtemps à mon travail que je peux enfin élaborer ma démarche. Je lui explique que je vais mettre côte à côte des images de cette série pour retranscrire ce tourbillonnement particulier. Il semble convaincu et attend avec impatience l’œuvre aboutie. Je suis heureux, je viens de franchir une étape clé dans la maturation de ce projet. Pourtant le fait même d’avoir exposé mon approche me bloque à nouveau. L’avoir exprimée me met dans la même situation que de l’avoir réalisée.
Il me faut alors une nouvelle année pour aboutir le travail qui d’ailleurs prend une toute autre ampleur. C’est en juillet 2010 que je mets un point quasi final à ce chantier, date limite que je m’étais fixée pour présenter le résultat à mon collectionneur. D’une composition photographique de départ j’en ai construit huit, déclinées en quatre variations. Il est convaincu par la transcription visuelle de mon idée originelle et réserve la pièce centrale de mon projet. Une œuvre d’1,2 mètre sur 80 cm représentant une composition de huit photos de pieds en mouvement, gravitant autour d’une image centrale, celle de l’escalier de l’Apple store de New York. Je suis soulagé.
En octobre 2010, le tirage est sorti du laboratoire photographique et un mois plus tard j’accompagnais mon collectionneur chez l’encadreur pour aller le chercher. Aujourd’hui il se trouve dans son bureau aux côtés d’œuvres de Combas, de Philippe Cognée et de Marc Riboud. Quel plaisir !
En traversant New York il y a un an et demi j’ai croisé des expressions sur des visages vus de face et j’ai découvert les attitudes de corps vus du dessous. Cet autre angle m’a offert un regard très différent sur la vie new yorkaise rythmée par des répétitions entre flous et transparences. Dans ces petits instants évoqués qui se refusent à tout montrer, je me suis finalement davantage rapproché des gens qu’avec des portraits très serrés, photographiquement forts, mais seulement suscités par le désir d’un effet de style.
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Composition très réussie. Géométrie et mouvement dans un effet kaléidoscopique…