Cela faisait déjà plus de deux ans que Francesco avait prévu ce voyage en compagnie de deux de ses compères, l’un au piano, Vincent Bourgeyx, l’autre à la guitare électrique, Hans Olding. Cette escapade colorée tardait à pourtant à venir. D’autres projets repoussaient toujours le concert sud-américain aux calendes (grecques).
“Momentito”, “Ahorita”, auraient pu devenir les mots représentatifs de cette aventure plusieurs fois avortée. Mais c’est de l’espagnol. Au Brésil, on parle portugais.
Trouver une date libre pour constituer un trio permettant de plonger dans la Bossa Nova n’est pas facile. Quand l’un des trois musiciens demeure à Stockholm, non pas la rue de Stockholm dans le 8e arrondissement de Paris, mais Stockholm la capitale de la Suède, tout là-haut, entre la Norvège et la Finlande, au-dessus du Danemark, cela devient encore plus complexe.
Alors pour revisiter cette musique traditionnelle brésilienne, Hans s’est offert un petit voyage touristique chez nous, “là où que c’est ti pas qu’ya la Tour Eiffel et Pigalle”, entrecoupé d’une répétition musicale et d’un Sunday jazz loft. Le 7e, dans le 10e. “Comme d’hab”, aurait pu lâcher un habitué du lieu. Des habitués, il commence à y en avoir un certain nombre. En deux jours les deux tiers des places étaient réservés, et l’on est monté à plus de 90 inscrits, de la folie furieuse.
Mais revenons à ce 1er février. Ni trop chaud ni trop froid. Après une courte présentation des partenaires des concerts : « jazz&people », le premier label de jazz participatif français et “Couleurs jazz”, le premier magazine de jazz sur ipad, on a eu droit aux premiers sons du trio.
Tout en douceur, caressant l’atmosphère sur la pointe des pieds, venant flirter avec les oreilles en attente de surprise, les morceaux se sont succédés avec bonheur. Chacun leur tour, à trois, à deux, avec celui-ci puis avec l’autre, puis encore avec l’autre, puis encore avec celui-ci, ils se sont baladés dans des réappropriations de standards brésiliens. De Carlos Jobim à Milton Nascimento, ce n’était pas que de la dextérité, c’était du Brésil.
Tout en lumière, ils sont montés en puissance, sans nous le dire, sans rien déranger de la tranquillité du loft, à coup d’à-coups imperceptibles, au coude à coude devant la grande baie vitrée, à coup de rythmes et de syncopes, à coup de sax et de cordes électrisant les rondeurs des morceaux, à coup de doigts sautant de touches en touches avec l’élégance d’un noir et blanc de sortie, à coup de grimaces, de tensions et de relâchements. À coup final…
Avant d’accueillir un invité surprise, Samy Thiébault, un autre sax, au sourire débordant de joie. Très vite, ils se sont renvoyés la note dans une frénésie quasi fraternelle. Alors le public a oublié d’arrêter d’applaudir pendant un moment, le temps que le chapeau tourne, que les chaises se plient, que le buffet se dresse, que les assiettes se vident, que les amis des Sunday jazz loft s’éclipsent avec les musiciens, et que nous restions seuls avec nos souvenirs. Mais je crois que le public avait arrêté d’applaudir bien avant, quand même.
D’applaudir cette expérience inédite que nous a fait partager Francesco avec tant de générosité. Mais quand s’arrêtera-t-il ?
J’espère jamais.
Bonjour
Heureuse de voir et de lire votre article sur une après-midi jazzy, joyeuse et conviviale à laquelle j’ai participé avec mon carnet (et ma collègue de blog Evelyne).
Je m’autorise l’insertion des deux articles publiés alors chez nous et libre à vous de les garder ou de les effacer… Ils ne veulent que saluer ces performances.
http://trainsurtrainghv.com/2015/02/01/fred-blanc-ou-francesco-bearzatti/
http://trainsurtrainghv.com/2015/02/02/dimanche-fin-dapres-midi-jazz/
Cordialement. Huguette galante