Il y a quelques mois la présidente du marché de la poésie (Arlette) raconte à ma femme (Astrid) son projet de mettre 100 poètes dans les 100 cabanes du marché. L’idée est d’offrir à ces 100 poètes un lieu d’expression public. Belle idée pour l’ouverture de la 28e édition du marché de la poésie.
Arlette demande à Astrid des noms de poètes pour étoffer sa pré-sélection. Elle en lance quelques-uns, avec facilité pour cette spécialiste de la poésie contemporaine. Elle évoque même ce poète qui fait partie de son entourage proche, un certain Frèd Blanc. Arlette lui répond du tac au tac, « j’y avais pensé et je voulais lui proposer« .
Je passe la pré-sélection sans m’en rendre compte. Me voilà embarqué dans une nouvelle aventure. Sans bien comprendre ni comment ni pourquoi. Arlette, pilier du monde de la poésie avec 28 ans d’organisation de ce marché est partout. Elle connaît déjà mon travail, l’ayant sélectionné à plusieurs reprises pour la revue Le Frisson esthétique.
Me voilà projeté d’un coup dans une autre histoire. Celle de présenter mes textes à un public. Ces textes que je fais dans mon coin. Ma première réaction est une inquiétude. Qu’est-ce que je vais pouvoir raconter à ces personnes qui vont m’interroger. Je n’ai rien à dire. D’ailleurs une fois que je les ai écrits, je les oublie. Il font partie de mon cahier de textes que je n’ouvre quasiment plus jamais après. Je les date, c’est tout.
J’écris un texte par soir, c’est comme ça. Comme d’autres regardent la télévision ou jouent aux cartes. C’est un rituel. Il dure depuis des années. Sur la page de droite, 1 texte, collé à la pliure intérieure, comme une longue bande qui se laisse descendre. Une fois arrivé en bas de la page, je dois m’arrêter. Et si je n’y arrive pas, je continue en tournant autour de celle-ci. Un texte serpent qui longe le bord du papier. Sur la page de gauche, 1 dessin. Il a un lien avec le texte d’en face, ou pas. Des têtes, des corps, des expressions, des mots redessinés, du vide, du rien et des autres. Toujours pareils dans leurs différences. Toujours différents dans leurs similitudes.
Mais que dire si l’on m’interroge. Je n’en sais toujours rien. Répéter tout simplement ce que je viens d’exposer ci-dessus. Ou inventer autre chose. Les textes quant à eux, il suffira de les lire. Ou d’ouvrir grand ses oreilles.