Cela faisait plus de cinq ans que Francesco avait “Envie” de jouer avec Lui. Il me l’avait dit, puis redit, mais Lui était toujours pris. Alors d’autres Lui sont venus, avec qui il a construit d’autres “Envies” : des Lui fous, un Lui rouge, mais pas encore un Lui “d’Envie”.
Quand je lui ai demandé quel Lui viendrait pour la prochaine session, il n’a rien dit. Quand je lui ai parlé du thème de “L’Envie”, il a réfléchi, il a apprécié, mais n’a toujours rien dit.
Il avait dû en avoir fortement “Envie” puisqu’il l’avait recontacté.
Ensuite j’ai reçu du What’sApp en forme de devinettes pour m’annoncer avec qui il transcenderait ”l’Envie” en musique.
J’ai tout de suite compris que son “Envie” s’était réalisée et que Lui avait dit oui. Quand j’ai vu les premières lettres de son prénom, V.I.N.C…, apparaître l’une après l’autre sur les messages What’sApp, j’ai tout de suite compris que c’était Lui : Vincent Peirani.
“Vincent Peirani, c’est un grand de l’accordéon” m’a rappelé Francesco.
Plus d’une tête de plus que lui, pieds nus et vernis à ongles noir sur les orteils. Le sourire aux lèvres, toujours prêt à rigoler, à prendre la vie comme elle arrive et à jouer avec, avec Francesco, avec nous et avec tous ceux qui ont rempli le salon, par petites touches successives.
Il a tout de suite confirmé qu’il était un grand homme, avant de nous montrer qu’il était un grand musicien.
Cela tombait désormais sous le sens que Francesco ait eu “Envie” de l’inviter. Et si j’avais déjà vu et écouté Vincent Peirani en numérique, en live ce grand prenait encore plus d’ampleur, tout assis qu’il était, caché derrière des partitions.
Vincent, sur-connecté aux sonorités qui planaient juste au-dessus de nos oreilles avant d’y pénétrer, répondait à Francesco qui passait de la clarinette au sax, dans un souffle accordéonesque.
Deux respirations mises en commun, tantôt douces et d’autres fois bien plus rythmées, mais toujours dans la finesse d’une succession de notes entrelacées, complexes et pourtant si simples.
Tout au long du SJL, les échanges se sont entrecroisés entre ces deux talents en effervescence qui n’ont pas arrêté d’être attirés sur le terrain de l’autre avec cette légèreté que l’on ne retrouve que chez les “grands”. Francesco avait donc raison.
Quand l’un a laissé la place à l’autre parce qu’il le fallait, ou quand l’autre a fini par la récupérer parce que son oreille le lui avait confirmé, ils sont tous les deux partis très loin, et nous les avons suivis avec un surplus de plaisir non dissimulé.
À la redescente, parce qu’elle a fini par arriver, j’ai découvert des larmes coulant sur les joues de certains d’entre nous, avec l’élégance de la discrétion.
Face à la puissance de ces deux phénomènes musicaux sans limites et avec l’insouciance qui nous caractérise, Esther (ma fille) et moi sommes entrés en poésie avec l“Envie” de partager le premier de mes textes. Tout est toujours possible quand on l’a, cette ”Envie”, même avec un Francesco qui, toujours plongé dans les effluves de sa musique, a oublié de nous accompagner au piano.
À la manière d’un Show man, Elia (mon fils) s’est ensuite approprié le petit bout de scène, avec tendresse, parce qu’il devait en avoir “Envie” ou quelque chose comme cela. Il nous a esquissé à la pointe sèche puis à la craie grasse sa vision de ”l’Envie”, avec des mots d’ado.
Ce qui a confirmé que nous aussi nous avions eu raison d’écouter notre “Envie” – notre “Envie” d’être présents lors du 25e SJL et même de revenir en mai prochain pour le suivant, qui pour cause de ce que vous savez… aura lieu plus tard.
Entre-temps, l’Envie n’aura fait que grandir.