Plus de deux dizaines de Concer-TE (prononciation à l’italienne) ont déjà vu le jour ou plutôt le soir d’un dimanche composé d’un nombre certain de fidèles. Si fidèles qu’une bonne partie sera présente lors du prochain, celui du 9 juin, pendant le week-end de la Pentecôte. À peine annoncé, déjà des inscrits…
Bonne nouvelle ! me voilà donc un peu allégé d’une partie de mes futurs préparatifs, les inscriptions. Vous savez, ces préparatifs qui redémarrent dès la fin du dernier Sunday jazz loft pour s’achever à l’arrivée du premier participant du prochain.
Cette période d’entre deux SJL où Francesco recherche le musicien avec qui il souhaite réaliser de nouvelles expérimentations.
Cette période où je sélectionne les photos du dernier concert en loft qui orneront les murs et les poutres dominicales.
Cette période où je torture ma faible mémoire afin de retenir deux de mes poèmes, colorés jazz, que je partagerai en fin de soirée. Petit jeu de comédie que je pousse plus loin – depuis peu – avec Esther… ma fille. Vous la connaissez, elle distribue à votre arrivée un badge estampillé local.
Cette période où je cherche quelle surprise je pourrais imaginer, quel changement je pourrais effectuer pour que notre évènement ne se sclérose pas.
Cette période où j’écris un petit compte rendu, vous voyez, celui qui est en train de défiler sous vos yeux, là, tout de suite.
Ce compte rendu dans lequel je dépose quelques souvenirs de ce que nous avons vécu ensemble, si vous étiez des nôtres. Souvenirs rythmés par toute une série de rituels. Rituels bien connus des habitués, rituels qui nous propulsent dans une dimension parallèle.
Rituels qui nous ont entraînés dans “Le” Sunday jazz loft, de notre plein gré, chevauchant la guitare électrique de Chester Harlan, aussi rouge que calme, se reposant tout contre basse de Sava Medan, le regard au loin et les doigts courant sur ses cordes, se déposant au creux de l’arrondi du sax de Francesco Bearzatti. Sax qui parfois se transforme discrètement en clarinette, toujours plus sautillante de plaisirs.
C’est sur la pointe des pieds que ce trio nous a embarqués avec sa générosité musicale dans son aventure. Voyage hors temps que nous nous sommes approprié avec évidence ; les yeux parfois fermés, le corps à bascule, le pied tapoti-tapotant le parquet foncé de notes sourdes & les oreilles aux aguets.
Nos oreilles grand ouvertes aux échanges entre interprètes, glissant sur le fil d’une impro à venir, d’une impro attendue, d’une improbable partition se désagrégeant avant de retrouver sa forme première.
Les sons exceptionnellement amplifiés des cordes leur ont donné une place plus centrale, où les vibrations de la basse se sont mélangées avec élégance à celles de la guitare électrisante, tout en se retrouvant au même niveau sonore que celles du sax.
Juste équilibre où l’on perçoit parfois une voix venue d’ailleurs, soit en forme d’onomatopée respirative ressemblant à un genre de « hummm », soit construite dans un franglais italianisant et s’interrogeant sur la composition suivante que le groupe d’un soir pourrait jouer.
Une invitation en forme de cliquetis instrumentalisés a donné ensuite la parole à une composition tout en rondeurs, puis la place à la composition de l’autre ou de l’un ou de l’autre, dans des échanges équilibrés, avant d’accueillir un monologue très sax bearzattien.
Et dans les nouvelles habitudes, nous avons entendu l’incontournable futur standard des SJL : “Meu amigo”, morceau composé lors de la dernière session pour les ”amis d’ici“ de Mister sax.
On aurait cru une fois de plus que les interprètes se connaissaient tous, tellement leurs échanges étaient fluides.
Puis ce fut un déferlement des copains musiciens et chanteurs qui surgit, en forme d’encore jamais vu. Les uns après les autres puis tous ensemble, allant jusqu’à huit.
Thierry Peala & Victoria Rummler à la voix, François Petavy notre habitué de sax amateur, Toma Dimitriu au piano, mais aussi une nouvelle venue au SJL, amie de Thierry, Verioka à la guitare très Amérique du sud.
De la folie débridée qui ne voulait pas qu’il y ait de fin à cette fin d’après-midi, pas plus que le public d’ailleurs qui, quand il n’applaudissait pas, riait à tout inattendu arrivé de nulle part d’autre que de la bonne humeur générale.
Quand j’ai dû prendre la parole pour ma traditionnelle intervention poémesque, Francesco m’a proposé différentes interprétations de “Meu amigo”. Elles m’ont propulsé dans une déstabilisation énergisante, finalement positive pour exprimer mon premier texte.
Pour le deuxième, Francesco s’est fait virer du piano par Toma Dimitriu aux doigts aimantés à la recherche désespérée des touches ivoires, sur lesquelles j’ai pu démarrer avec son accompagnement, avant qu’Esther ne m’enlève le chapeau de la tête, ce qui m’a coupé la parole d’un coup, alors je le lui ai repris pour la lui couper à mon tour, et ainsi de suite, à deux ou trois reprises.
Le Sunday jazz loft était fini ou presque, il restait encore le buffet gargantuesque comme à son habitude, puis l’after en forme de deuxième concert pour les happy few qui étaient restés avec nous. Mais là je ne pourrais pas vous en dire plus… c’est réservé aux happy few.
Mais vous en serez peut-être un lors du prochain, le dimanche 9 juin.