Si depuis le 1 avril il n’y avait eu aucune session des Sunday jazz loft, celle du mois dernier était bien particulière.
C’était le 2 décembre 2018. Le SJL était aux couleurs d’un anniversaire, celui du 20e concert : 20 rencontres bearzattiennes en moins de quatre ans.
Entre les surprises d’anniversaire des petits Blanc, celle d’Esther en duo avec son père puis celle d’Elia, et la surprise de Francesco Bearzatti, plus musicale, deux talentueux personnages sont venus raconter le jazz en loft aux côtés de Mister Francesco.
Michael Cheret – saxophoniste ténor – tout sourire et visage ouvert, est arrivé le premier, bien avant l’heure des balances, pour s’imprégner de l’ambiance du lieu, caressant son sax acier brillant de jeunesse.
Il fut rejoint peu après par son acolyte, Fred Nardin, un personnage doux, discret, qui s’est rapidement approché du piano pour s’approprier l’instrument dans un silence empli de calme qui n’allait pas durer.
À l’heure qui était la sienne, Francesco, radieux, surgit de derrière la porte d’entrée, la barbe bien taillée et le tee-shirt coloré d’une tête de mort. J’étais ravi de le retrouver après ces quelques mois d’absence.
Francesco avait connu peu de temps auparavant Michael Cheret qui l’avait invité à une master class. Quant à Fred Nardin, c’était la première fois qu’il le rencontrait. Pourtant, dès qu’ils eurent pris leurs instruments en main, ils se mirent à dialoguer avec une connivence digne des meilleurs amis du monde pour nous tranporter, entre classic jazz réinerprété et compositions signées Francesco.
La première surprise qui était loin d’être la dernière est tombée quand Francesco a annoncé le prochain morceau, spécialement écrit pour Matthieu Desport, notre infatigable cameraman-monteur, et pour moi, petite main de l’organisation. Quel beau cadeau et quelle musique – ce genre de musique qui nous embarque dans la folie de son auteur, avec humour et joie de vivre. Merci mon ami.
Le concert a continué avec cette même chaleur humaine, passant de chuchotements musicaux à des emballements de notes envoyées par l’un, récupérées par l’autre des improvisateurs, juste avant l’accueil du premier invité.
François Petavy, sax tenor amateur, s’est fondu à merveille dans un dialogue à trois sax, avec une joie intense faisant vibrer tout son corps en mouvement.
Avant l’invité suivant, Fred Nardin a repris la parole pianistique avec une dextérité exceptionnelle, pour nous caresser sensuellement avec ses interprétations légères et denses, venues d’un chez lui profond pour atterrir avec élégance au centre du salon.
Le deuxième invité fut un musicien extra-terrestre, aussi roumain que pianiste, qui planait au quinzième ailleurs, et en anglais. Il a aussi fait la joie de l’after, en jouant et rejouant des morceaux improbables avec Francesco, entre deux pauses cigarette. Mais cela, c’était plus tard.
Si au début du concert j’ai proposé à nos amis du public de sortir leur smart phone pour s’inscrire à la page instagram de mon fils #elia.blanc – qui du haut de ses 16 ans et d’une scène ouverte commence à se produire en stand up – j’ai aussi annoncé la création, par notre partenaire Jacques Pauper, de Couleurs Jazz radio. Et j’ai profité de ce temps d’avant SJL pour offrir un petit tirage numéroté et signé de l’affiche spéciale 20 ans à chacun d’entre vous – et une grande affiche pour Francesco. C’est toujours agréable de faire des cadeaux.
Une fois le concert achevé, ce fut le tour des mes traditionnels poèmes en musique. Après avoir lu mon premier poème, calé dans l’écoute sur les mains de Francesco au piano, j’ai démarré le second avec énergie jusqu’à ce qu’Esther, ma fille, se lève et me bouscule violemment pour prendre la place centrale, que j’essaye immédiatement de lui arracher, et qu’elle me reprend, à coups de coudes et de mots. Quel plaisir de jouer en famille, pour vous. On réitérera l’expérience.
Voilà maintenant qu’Elia sort de derrière la caméra et se place au centre de ce qui sert de scène sans estrade. Il est seul, face public. Dans sa décontraction d’ado cool, il nous expose avec un humour décapant qui n’appartient qu’à cette jeunesse qui ne lui passera peut-être jamais, sa perception critique des Sunday jazz loft. Il croque au vitriol amical chacun des personnages clés de nos rendez-vous dominicaux. Les habitués rient, les nouveaux aussi.
Plein d’autres moments forts ont encore eu lieu durant la soirée, mais là j’atteins le buffet et ses fromages. Ayant la bouche pleine, je suis obligé de m’interrompre dans mon élan, politesse oblige.
Si vous avez envie de découvrir d’autres anecdotes très SJL, rendez-vous le 3 février pour la 21e session.